Le but de cette série d’articles est de faire un voyage exploratoire à travers ce genre cinématographique bien connu.
De Tarantino à Snoop Dog nombreux sont ceux qui jouent avec les codes du genre, mais quels sont-ils ?
Pour l’instant il est difficile de parler des codes de ce genre parce qu’à mesure de notre voyage nous allons nous rendre compte qu’en fait de genre la blaxploitation est plutôt un univers de films hétéroclites, de films dont on se demande si parfois le seul point commun n’est pas de mettre en scène des « blacks ».
En effet le terme blaxploitation suggère qu’il s’agit d’un cinéma fait par les noirs et pour eux-mêmes.
Le genre naîtrait lancé par le film Sweet Sweetback badass song de Melvin Van Peebles, réalisé en 1971, pour lequel la grande majorité des acteurs et des membres de l’équipe technique ayant fait le film sont noirs.
Le film de Van Peebles, sur lequel nous reviendrons, est un film politique. Un film qui veut redéfinir l’image du noir, de par l’attitude du personnage principal. C’est un film qui, selon moi, témoigne également de la détermination et de l’engagement du réalisateur auprès de sa communauté.
Même si l’on ne peut pas contester l’influence de ce film sur le courant de la blaxploitation on ne peut pas résumer sa naissance à la volonté d’une communauté de reprendre le contrôle de son image, il faut prendre en compte la volonté des grands studios d’exploiter un public qu’ils ne pensaient pas forcément rentable.
Des films faits pour les noirs et par les noirs avaient déjà vu jour grâce à Oscar Micheaux un écrivain passé derrière la caméra en réaction à la représentation raciste des noirs dans le film de 1915 de D.W Griffith, Birth of a Nation.
Rappelons pour la petite histoire que ce film est à l’origine de la renaissance du Ku Klux Klan et qu’il avait suscité l’enthousiasme du président Woodrow Wilson.
Oscar Micheaux délivra 40 opus entre 1918 et 1948, parmi lesquels Body and Soul en 1924 qui fit débuter à l’écran le grand Paul Robeson.
Le cinéma de Micheaux ne fut certainement pas étranger à des productions hollywoodiennes comme Stormy Weather ou The Duke is Top et plus tard Carmen Jones etc.
La blaxploitation héritière de cette histoire se place, à mon avis, à la confluence de la détermination de certains membres d’une communauté à maîtriser son image et de la volonté commerciale des studios de transformer l’image du noir en petites et grosses coupures vertes.
C’est probablement ce qui explique que la blaxploitation apparaisse comme un courant morcelé, contrairement à d’autres courants comme le cinéma novo ou la nouvelle vague.
De Superfly à Blackenstein en passant par Claudine, Five on the black hand side, Blacula, Willie Dynamite, Sugar Hill etc.
Certes aujourd’hui, comme je le disais au début de cet article, le genre reste gravé dans les mémoires, les rappeurs jouent avec des personnages qu’il a contribué à populariser, comme le maquereau, le dealer etc. ; Tarantino ne cache pas ce qu’il doit à ces films, et Michael Jai White leur à rendu hommage récemment.
Pourtant, en dehors des grands noms comme Shaft ou Superfly j’ai l’impression que les films sont assez méconnus.
Je ne peux pas conclure cette brève introduction sans évoquer les artistes qui ont composé des bandes-son plus écoutées que les films n’ont été vus.
Sans doute la plus connue est celle qu’Isaac Hayes a composée en 1971 pour le film de Gordon Parks, talonnée de près par celle que Curtis Mayfield a fait en 1972 pour le film de Gordon Parks Jr.
D’autres artistes comme Monk Higgins, J.J Johnson, Marvin Gaye se sont essayés avec brio à l’exercice.
Ceux qui connaissent le morceau de Joe Farrell, Canned Funk, savent de quoi je parle, d’une musique à déguster sans modération.
En revanche certains de ces films sont indigestes, mais le voyage va nous réserver des surprises.