Cinquième promenade : retrouver la nuit rouge

Publié le 01 août 2010 par Nicolas Esse @nicolasesse

Huit années bissextiles sont une éternité.

Mais les mots ont ouvert une brèche qui a laissé passer les mots. Les couleurs. Les odeurs. La neige est froide et bleue, l’été une saison. Nous marchons dans le jour et c’est de la poussière. Ça, c’est de la pluie et ça sent bon. Nous reconnaissons la soif et la faim. Les glaçons dans l’eau et les bulles légères. Nous retrouvons le parfum du monde comme au début du monde et le soleil se couche, au fond du balcon.

Je promène mes mots et une saison nouvelle.
Nous marchons vers le froid qui appelle la neige,
Quand un coup de soleil vient éclater l’hiver.
Faire fondre mes flocons.
L’hiver est là et j’ai plus chaud que froid.
L’été dure tout l’hiver.
Tout le printemps.
Il faudrait éteindre ce soleil.
Baisser ces stores.
Refermer ces volets.
Ce soleil ne se couche jamais.

Huit années bissextiles depuis ce premier janvier. Un nouveau parking et c’est presque l’été. Je sors du souterrain dans le bruit de la ville. Autour de nous, des automobiles. Au bout du chemin, une porte qui s’ouvre et je reconnais

Le sol qui gronde.
Et la musique liquide
Comme une eau noire et blonde.
Les femmes que la musique enlace,
Les yeux clos ou le regard ailleurs.
Les femmes qui dansent
Tout au bout de leurs jambes
Que les talons soulignent
D’un point d’extension.
Une courbe dangereuse
Qui rejette leur tête au dessus du vide
De leur dos suspendu.
Au milieu de la zone rouge,
Dans le rayon de lumière rouge,
Elle fait danser sa minirobe rouge.
Fait se lever un soleil blond.
Elle me fait le cadeau d’une nuit nouvelle.
Plus belle.
Plus rouge.
Enfin.