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Ce matin, après m'être déniché une buanderie pour y laisser quelques vêtements, je suis parti vers la gare ferroviaire. L'agréable petite marche le long de l'avenue Pasteur puis du boulevard Mohammed V, en pente douce, et à l'ombre, s'est malheureusement transformée en quête de la gare, au soleil tapant déjà à 10h, dans un quartier en plein chantier. La gare en question était un peu plus loin que ce que j'avais estimé, et, 3km après avoir quitté l'abri de l'ombre confortable des édifices du boulevard, je me retrouvais enfin devant l'édifice, situé au milieu de nulle part et entouré de grues et d'un étrange cirque installé dans un champ avoisinant. À l'intérieur, trois minutes ont suffit pour acheter un billet pour le train de demain matin en direction de Casablanca, où je dois rejoindre Suzie qui arrive du Burkina après-demain matin.
En sortant de la gare, la dernière chose que je désirais faire était de remonter en plein soleil cette longue pente de 3km vers le centre. J'ai donc pris un petit taxi. (à la différence d'un grand taxi, nuance importante au Maroc). Mon chauffeur ne parlait qu'arabe. Je lui ai demandé s'il connaissait la Place de France. "France? - Oui, Place de France, vous connaissez? - France? - Oui". Il pointe son doigt en direction du centre-ville, alors je hoche la tête et monte à bord.
Je remonte l'avenue de Belgique, pour m'approcher de la plus grande mosquée du centre de Tanger. Je n'y vois aucun nom officiel - difficile de deviner, puisque les mosquées ne sont pas dédiées à des saints comme les églises et que les rares inscriptions y sont toutes en arabe.
En sortant de la kasbah, je remonte la côte vers un promontoire rocheux d'où on a une vue absolument spectaculaire sur le détroit et l'océan Atlantique. Le promontoire est aussi le lieu de tombeaux puniques dont on ne voit plus que les formes creusées à même la roche. Le très fort vent qui règne sur le promontoire est le bienvenu et l'endroit semble d'ailleurs un lieu où les gens du coin viennent pour respirer et méditer.
Je me déniche quelques frites pour dîner et je croise alors un groupe de jeunes, deux gars habillés en jeans et T-shirt et trois filles, dont deux portent une robe traditionnelle et un voile au design mode ne cachant pas beaucoup leurs cheveux. Elles ont les yeux maquillés et du rouge à lèvres. Au moment où elles s'éloignent, une des filles dit au garçon, en français: "Pourquoi tu me parles en arabe, je comprends rien de ce que tu dis!".
En fin d'après-midi, je remonte vers la Place de France à la recherche de bière. La Fine Bouche est fermée le samedi mais je déniche un autre vendeur d'alcool où je me procure quelques Heineken bien froides. À la télé, les informations sont en français et il y a un reportage sur la disparition des cinémas au Maroc. On pointe du doigt les nombreuses chaînes de télé, mais surtout les DVD pirates que l'on peut se procurer sur la rue pour 8 dirhams. En sortant du magasin, je m'éloigne de quelques rues pour explorer le secteur et me trouver un resto qui vend des shawarma (j'ai vu les deux orthographes; chawarma, alors) pour emporter.
En arrivant à l'auberge, j'informe le réceptionniste que j'ai l'intention de prendre une douche. Il me demande cinq minutes, le temps d'allumer le chauffe-eau. J'organise mes bagages pour le lendemain, prends une douche, puis déguste mon shawarma avec une bière. Comme c'est la traversée du lac St-Jean à Roberval, je tente de syntoniser la webdiffusion de l'événement, mais sans succès. Je pourrais faire une recherche pour identifier le peintre français qui a habité Tanger, mais je suis trop paresseux. Je lirai donc un peu avant de me coucher alors que les muezzins des trois mosquées des environs font une fois de plus l'appel à la prière.
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Photos: 1-Rue de Belgique: Mosquée et drapeau du Maroc. 2-Porte de la medina, entre la rue de la kasbah et la rue d'Italie. 3-Portique intérieur de Dar el Makhzen. 4-Promontoire rocheux, détroit et Atlantique. 5-Arche intérieur de St-Andrews, entouré de la prière chrétienne en arabe. 6-Mauritania Cinéma.
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Quelques autres photos:
Medina, où on retrouve étrangement plusieurs plaques indiquant les noms de rue (ici, rue Alexandre Dumas). je me demande à partir de quand dans l'histoire de Tanger on a abandonné cette bonne habitude.
Touristes (?), muraille extérieure de la kasbah.
Plancher en mosaïque récupéré de l'ancienne cité romaine de Volubilis. Dans le palais de Dar el Makhzen.
Tombeaux de l'époque carthaginoise.
Un des nombreux chats de la medina.
Grand Socco, un peu avant midi.
Église St-Andrews, avec son drapeau écossais.
La kasbah et le nord de la medina, avec le minaret de sa mosquée privée.
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