Crise oblige, l’Etat français a décidé de se débarrasser de plusieurs sites militaires pour remplir ses caisses. Parmi ces sites figure le fameux camp de Rivesaltes, qui rappelons-le, avait hébergé des républicains espagnols, des tziganes, des déportés juifs et des harkis rapatriés d’Algérie.
Ce camp de transit et de reclassement pour les harkis a en effet accueilli entre 1962 et 1964 près de 20 000 personnes dans des conditions de vie effroyables et indignes de notre pays, notamment pendant l’hiver 1962-1963 (les familles s’entassaient à plusieurs sous des tentes, sans commodités, sans chauffage,….). Les dernières familles ont quitté ce camp en février 1977 (soit près de 15 ans après leur arrivée), alors que c’était un camp de transit et de reclassement, c’est-à-dire censé accueillir provisoirement les harkis.
Il constitue donc pour de nombreuses familles de harkis un témoignage de leurs souffrances, pendant la guerre, le rapatriement, l’accueil difficile, la réclusion dans les camps, l’exclusion jusqu’à aujourd’hui. Pour nous, c’est une référence, un emblème et nous voulons le garder en tant que tel.
Pour ces raisons, nous considérons que ce site, chargé d’histoire et auquel nous sommes très attachés, appartient à la mémoire collective, celle de toutes les populations qui y étaient internées. Il n’est pas souhaitable que ce site en particulier et tous ceux qui présentent un caractère historique soient cédés, voire bradés, au profit d’investisseurs peux scrupuleux.
C’est également pour ces raisons que nous approuvons et soutenons l’initiative du président du Conseil général des Pyrénées orientales, M. Christian Bourquin, qui a acquis une partie du camp en vue d’y construire un musée-mémorial pour évoquer le souvenir des différentes populations ayant transité par ce camp.
Nous regrettons simplement que d’autres collectivités ne se soient pas portées volontaires pour soutenir ce projet.
Pour terminer, nous suggérons à l’Etat, propriétaire de tous les sites concernés, d’affecter la recette des ventes au profit des harkis et de leurs familles, puisqu’ils sont toujours en attente d’une juste réparation de leurs préjudices matériel et moral. Après tout, ce sont des sites militaires et les harkis ont combattu en tant que tels dans l’armée française.