Déchéance de la nationalité : résister devient un devoir.

Le discours de Sarkozy à Grenoble restera dans les mémoires comme un tournant dans le quinquennat, et ce à plusieurs titres.

Réagir aussi vivement aux faits divers (aussi graves soient-ils), n'est pas digne d'un président. Y réagir en (une fois de plus), dressant les uns contre les autres est scandaleux. D'autant que tout est calculé.

Tout d'abord, il faut bien comprendre que Sarkozy a lancé sa campagne présidentielle. Pour ce faire, il part à la pêche aux voix. Avec le discours xénophobe de Grenoble, ce sont les militants et sympathisants du FN qui sont dragués. Un message est également envoyé à sa majorité, et notamment aux élus qui cette semaine ont créé "La Droite Populaire", en réaction à l'essoufflement de l'éxécutif.

Enfin, il s'adresse plus globalement à l'ensemble de la nation, dans un style qui ira crescendo d'ici 2012. Cela s'appelle le "storytelling", qui n'est autre qu'une méthode "à fabiquer des histoires et à formater les esprits", comme le décrit très bien Christian Salmon, dans son livre "Storytelling", aux éditions La Découverte. Il s'agit "d'un hold-up sur l'imagination des humains (...), où la vie politique est présentée, commentée comme un récit". Ce qui est redoutable puisque cela touche d'abord et surtout l'émotionnel et favorise l'évacuation de la réflexion...

Une fois de plus, la volonté du président est de liquider les acquis sociaux et moraux mis en place par le Conseil national de la Résistance (CNR). Une fois de plus résister devient un devoir : qui pourra dire "je ne savais pas" ?