Le chameau sauvage de Philippe Jaenada

Philippe Jaenada est un auteur bavard, modeste et formidablement attachant. Lire ses romans c’est un peu comme de s’installer dans un café avec un copain qui, vous le savez, va vous faire rire (situations grotesques obligent) mais aussi vous émouvoir (car l’autodérision a quelquefois ses limites).
Vous avez remarqué ? Déjà deux paires de parenthèses - vous n’avez rien senti, j’espère ?
Jaenada est responsable de mes plus grands fous rires en littérature et Le chameau sauvage chez moi a provoqué un étouffement des plus dramatiques au petit déjeuner, des hoquets disgracieux dans un train bondé et des ricanements de hyène répétés sur le canapé, planquée au bureau et au chaud dans mon lit (sous le regard méprisant d’un chat borgne, pelliculeux et obèse).
L’histoire semble partir dans tous les sens mais ne vous y fiez surtout pas, l’auteur, lui, sait exactement où il vous emmène.
Récit semi-autobiographique qui retrace les deux ans de passage à vide d’Halvard Sanz vivotant entre traductions et pronostiques hippiques (sous le pseudo de ‘La Cravache’) et qui commence avec une panne de radiateur, enchaîne avec un séjour en cellule et se poursuit avec la rencontre de l’amour fou.
Roman initiatique aussi, parsemé de recommandations plus ou moins sages telles que:
LAISSEZ LES JEUNES S’ATTAQUER AUX VIEUX. C’EST LA LOI DE LA NATURE.
FACE AU DANGER, BAILLEZ.
NE FAITES PAS TROP CONFIANCE AU TREFONDS DE VOTRE AME.
NE CHERCHEZ PAS A VOUS VENGER, CA NE DONNE RIEN.
NE BUVEZ JAMAIS SEUL.
NE REFLECHISSEZ PAS TROP, C’EST DECEVANT.
EVITEZ DE TRICHER AVEC VOTRE PROMISE CA SE PAIE AUSSI SEC.
Et puis, il y a les excès (mythiques) de parenthèses qui sont, comme le style de Jaenada, tout à fait contagieux.
Erzébeth a récemment écrit un très beau billet sur Le cosmonaute que je recommande chaudement. Quant à Quoi de 9 Cécile, fan de la première heure (je sais d’ailleurs qu’elle m’attend au tournant - j’ai tout bon, dis, Cécile ??), elle exprime sa passion pour Jaenada, sa vie, son œuvre, ici.
La note de L’Ogresse: