C'est une tornade qui s'est abattue sur Merlbourne, lors de la quatrième journée du Tri-Nations. Une tornade noire, frappée de la fougère argentée.
L'équipe d'Australie a pris une sévère correction de la part des coéquipiers de Richie McCaw, et ce ne sont pas les 28 points et trois essais inscrits par les Wallabies qui effaceront les quelque 49 points encaissés, à deux unités de la plus grosse "valise" enregistrée face aux Néo-Zélandais (21-50 en 2003 à Sidney).
Rien n'a fonctionné pour les hommes de Robbie Deans. Leur plus gros handicap fut sans doute la discipline. Le capitaine Australien, Rocky Elsom, a été incapable de mettre de l'ordre dans ses troupes. En tout début de deuxième période, et malgré les avertissements de l'arbitre, l'ailier Wallaby Drew Mitchell n'a rien trouvé de mieux que de commettre un acte d'anti-jeu après avoir pourtant déjà tâté du banc pendant 10 minutes en première mi-temps. Résultat, un carton rouge et des Australiens réduits à 14 pendant la quasi-totalité du deuxième acte.
Autant dire que le match était plié, et ce alors que les Balcks menaient déjà de 18 points à ce moment de la rencontre. Même s'ils n'ont jamais baissé les bras, les Wallabies n'ont rien pu faire face à la redoutable mécanique mise en place par Graham Henry : soutien systématique en attaque, grosse présence dans les rucks et utilisation efficace des ballons de récupération, tout l'arsenal habituel, combiné à une supériorité en mêlée et en touche qui ont étouffé les velléités Australiennes.
Des Australiens qui ont parfois semblés perdus et qui ont payé au prix chers des erreurs stupides (on pense à la relance suicidaire de Adam Ashley-Cooper à la 25ème minute, qui a abouti au troisième des sept (!!) essais Néo-Zélandais). L'absence de Quade Cooper, le jeune et brillant ouvreur de la province du Queensland a paru peser, en particulier sur le rendement du numéro 9, Will Genia, son partenaire chez les Reds et qui n'a pas eu le même rayonnement que lors du match face aux Springboks. Et la prestation de Matt Giteau à l'ouverture n'a, une fois de plus, pas convaincu.
Cette défaite, même si elle ne paraît pas remettre en cause fondamentalement le travail de reconstruction entamé il y a deux ans par Robbie Deans, va sans doute laisser des traces. Et l'euphorie qui semblait régner il y a une semaine est sérieusement remise en cause.
Cette équipe d'Australie est pleine d'avenir, on l'a déjà dit. Et en face, les Blacks sont actuellement injouables (comme souvent les années qui précèdent les Coupes du monde...). Mais l'addition du jour est salée, ce qui n'est jamais très bon pour travailler dans la sérennité, comme peut en témoigner le sélectionneur du XV de France.
Aussi, il faudra à Robbie Deans une bonne dose de tenacité pour convaincre les media locaux, dubitatifs, qu'on peut afficher un taux de succès inférieur à 60% et avoir pourtant raison.