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Alphabétisation: le Tour de lire

Publié le 31 juillet 2010 par Raymondviger

Alphabétisation

Le Tour de lire

Depuis 1980, le Tour de lire apprend aux personnes analphabètes du quartier Hochelaga-Maisonneuve de Montréal à lire et écrire. « Lorsque j’aidais ma fille à faire ses devoirs, je devais ruser. Généralement, c’est son père qui s’en chargeait. Jusqu’au jour où il n’a pas pu être là. Elle s’est alors rendue compte de mon problème d’analphabétisme », confie Nicole Thomas, 36 ans.

Reflet de mon quartier est un bi-mensuel consacré à l’actualité et aux débats d’idées reliés à l’arrondissement montréalais d’Hochelaga-Maisonneuve.

Julie Philippe, Dossier Communautaire, Éducation

(Photo: gracieuseté) Comme cette mère de famille, ceux qui ne savent pas lire et écrire, ont des difficultés à faire face aux actes du quotidien. Le Tour de lire les aide à surmonter ces obstacles.

Un Tour pour apprendre

Depuis 30 ans, le groupe communautaire d’alphabétisation populaire, composé de 3 employés permanents et de 3 à 6 contractuels, s’occupe de la formation des personnes analphabètes. Entre 25 et 45 participants âgés de 19 à 70 ans sont répartis dans plusieurs ateliers. Cours de français, d’informatique ou de bricolage : les « étudiants », majoritairement issus du quartier Hochelaga Maisonneuve, diversifient leurs apprentissages, de façon ludique sur une base de 15 heures par semaine.

« Cette année, nous avons créé une BD sur les allergies alimentaires, ainsi qu’un journal distribué dans les autres groupes d’alphabétisation au Québec. Le mercredi, nous évoquons aussi l’actualité », explique Nicole Thomas, participante au Tour de lire depuis 3 ans.

L’enseignement des cours n’est pas traditionnel. «C’est un centre d’éducation populaire. Il se différencie de la méthode d’enseignement traditionnelle par sa souplesse et son adaptabilité au rythme des gens. À la base, c’était une éducation révolutionnaire inspirée de l’Américaine Latine », explique la responsable de la gestion et de la formation au Tour de Lire, Marie Labonté. Le groupe s’emploie aussi à défendre les droits des personnes analphabètes et à contrer la pauvreté.

L’organisme n’a pas un but lucratif, il reçoit des subventions du ministère de l’Éducation du Québec mais aussi des agences, des députés et des entreprises privées.

Lire et s’estimer

Selon les participants, les bénéfices du Tour de lire sont importants. « Venir au centre m’a aidé à avoir une meilleure estime de moi-même et m’a remonté le moral. Ici on est à l’aise, il n’y a pas de jalousies », témoigne Nicole Thomas.

Désormais, cette mère de trois enfants peut s’occuper de leurs devoirs sans gêne. « Ma fille était fière que je retourne à l’école, elle m’a soutenue. Durant une période nous faisions même nos devoirs ensemble! », s’exclame-t-elle.

En entrant au centre, Nicole Thomas avait le niveau d’une élève de 4ème année de primaire, elle a à présent les compétences d’une étudiante de secondaire.

Pour les analphabètes, leur inaptitude est un vrai tabou. Jerry Ferguson, 45 ans, fréquente le centre depuis 5 ans. Il trouve désormais la force de parler de son incapacité à lire et écrire autour de lui. « Avant je trichais pour ne pas le dire. Tous mes amis l’ignoraient. Même ma petite amie ne le savait pas. Maintenant que je suis au Tour de lire, j’en parle », avoue-t-il.

Après quelques cours, les bénéficiaires sont en mesure de lire et écrire leurs courriers de tous les jours. Cela a changé la vie de Roger Laterreur, 63 ans et participant depuis 10 ans. « Dorénavant je peux me débrouiller avec les factures et les papiers administratifs, avant je devais faire appel à d’autres personnes pour lire et écrire mes lettres. Il arrivait qu’elles fassent n’importe quoi», confie-t-il.

L’analphabétisme ne semble pas sur le point de diminuer, selon une autre responsable de la gestion et de la formation au Tour de lire, Josée Vézina. Elle stigmatise le système d’éducation du Québec qu’elle trouve mal adapté et élitiste. «Une personne analphabète prend la responsabilité sur elle, il faut déconstruire ce mythe : souvent les causes sont structurelles, scolaires, liées au système. », soutient-t-elle

Selon Statistiques Canada, 16 % des Québécois sont analphabètes et 33 % éprouvent de grandes difficultés de lecture.

Le Tour de lire prend ses quartiers d’été cette semaine mais rouvre ses portes le 25 août. Les personnes désireuses de s’inscrire peuvent appeler l’organisme à partir du 10 août.

Le Tour de lire

1691, boulevard Pie IX, Montréal   Tél. : 514 252 4718

Courriel : [email protected]   Site: www.tourdelire.org

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