La Croatie est un pays aride. On peut s’y retrouver en plein désert. La pierre chaude et coupante y constitue alors la seule vérité. Pour parcourir ces collines où chaque roche arrache son authenticité, il faut s’armer de patience, croire au pas qui suit, espérer qu’après la montée il y aura une descente. Pas d’eau ici. Rien que la roche. On se demande comment quelques arbres isolés parviennent à s’épanouir. C’est le désert.
Au milieu de celui-ci, pourtant, on découvre un mur (comme celui qui se trouve sur la droite de la photo). Celui-ci crée une ligne rectiligne qui délimite deux territoires : celui où l’on peut et celui où l’on ne peut pas. Comment comprendre l’énergie qu’il a fallu pour construire ces murs faits de pierres entassées les unes sur les autres ? Pour les construire, des hommes ont dû aller chercher au fond d’eux-mêmes une détermination peu commune. Il suffit d’avoir un jour assemblé quelques pierres pour construire un bout de mur pour savoir que ces murs qui parcourent des kilomètres de désert constituent à eux seuls un véritable témoignage de la grandeur de l’humanité.
En parcourant ces territoires désertiques, en découvrant ces murets improbables dont le sens aujourd’hui semble ne plus exister, on se demande s’il est encore possible aujourd’hui de parcourir un mètre quelque part dans le monde qui n’aurait pas déjà été parcouru par quelqu’un d’autre. Cette question reste pour moi sans réponse définitive, mais elle m’obsède depuis des années.
C’est à tout cela que je rêvais lorsque j’étais confortablement assis sur ce bateau qui nous faisait découvrir les Îles Kornati. Il faut dire que pour commencer la journée, ils nous avaient gentiment offert en guise de petit-déjeuner un petit verre de snaps. Quelle bonne idée !