Retour aux sources

Celui qui voudra analyser le contenu de la presse marocaine ces dernières années se rendra forcément compte des contradictions qui traversent ce métier. Voilà un bon exemple pour diagnostiquer l’évolution de notre marche vers la démocratie et des belles règles de citoyenneté que nous voulons édifier. Ce matin par exemple, un quotidien arabophone de grande audience fait sa une sur un soi-disant scandale à Médicapital Bank, relevant du groupe Benjelloun. Sur les murs de cette banque, il y aurait des cartes géographiques du Maroc, tronquée de son Sahara. Le journal en a fait tout un tapage, responsabilisant le top management de cette séparation qui porte atteinte à «la dignité des Marocains». Navrant et scandaleux à la fois. De quel droit se permet-on de s’attaquer à une institution marocaine qui n’a fait que reprendre une délimitation géographique onusienne, découlant du droit international, connu et validé par tous ? Plus terre à terre, quelle est l’information journalistique là-dedans?
Les dérives du métier vont en s’accentuant. Les repères se perdent. On commence à voir des complots partout, abrutissant davantage un peuple sensible. Halte! Commençons par faire notre auto-critique. Je trouve malheureux que la presse marocaine, qui a bien démarré avec le règne de Mohammed VI, sombre actuellement dans ces batailles de chiffonniers qui ôtent au métier sa noblesse. Nous avons besoin de revenir aux règles de base de la profession en terme de pertinence de l’information, son objectivité et son incidence sur le lectorat. Mais qui va piloter ce changement, vu les énormes intérêts de pouvoir qui traversent ce secteur?