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Le grand malentendu

Publié le 29 juillet 2010 par Nadia Lamlili
Le grand malentenduLes relations entre la presse et le monde économique sont devenues inquiétantes.
Du côté des journalistes, les chefs d’entreprises sont devenus insaisissables, trop arrogants, refusant de collaborer pour les besoins d’un article et même quand ils le font exigent de revoir l’article pour le transformer en brochure institutionnelle.
Du côté des entreprises, les journalistes marocains plongent dans le sensationnalisme, ne vont pas en profondeur. Certains même vont jusqu’à dire qu’ils n’ont pas le niveau pour faire ce métier et qu’il faut passer le Karcher pour éliminer «ces vermines».
Réfléchissons, l’objectif n’est pas de jeter la pierre à l’un ou à l’autre. Il est clair que nous avons affaire à un manque de confiance entre ces deux corps. Et cela va tôt ou tard donner lieu à une crise réelle de crédibilité.
Comment on est on arrivé là? Trois causes majeures :
- La première relève de la gouvernance économique qui a pris un tournant inquiétant ces dernières années. Les chefs d’entreprises ne veulent plus se prononcer en public de peur qu’on leur reproche leurs paroles et qu’on cherche à nuire à leurs affaires. Chacun peut interpréter le «On» à sa manière. Ca peut être la peur de devoir rendre des comptes, des cercles d’influence qui créent des réseaux de complaisance et éliminent les récalcitrants…
- Le deuxième est le grand malaise qui traverse le secteur de la presse, la perte des repères, le manque de moyens humains et de financements qui font que ce secteur fait parfois dans l’amateurisme et le manque de responsabilité.
- La troisième cause, qui est la plus importante, est un grand malentendu, une grande incompréhension des exigences de chaque métier. Un chef d’entreprise demande une information vérifiée, bien documentée à la manière académique, quitte à y passer plusieurs semaines ou plusieurs mois. Un journaliste n’a pas le temps. Il doit produire son papier selon une approche tout à fait différente de celle académique, joindre le plus de monde en un laps de temps très court, écrire parfois son papier en une heure. C’est l’actualité, le scoop qui prend le dessus. C’est pour cela qu’il a besoin d’avoir des sources à portée de main. Et si les sources concernées refusent de s’exprimer, il y aura toujours d’autres pour le faire. D’où les risques de dérapages, de diffamation...
Un problème de gouvernance économique sur lequel s’est greffé une fissure dans le corps de la presse, voilà l’origine de ce grand malentendu.

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