D'après un sondage, on serait 92 % à préférer les plages de sable fin plutôt que les plages de galets.
Quelle surprise.
Bien sûr, le sable a la fâcheuse tendance de coller au corps comme une moule à son rocher, d'envahir notre espace personnel jusque dans les moindres recoins de notre anatomie et de s'immiscer dans notre vie jusqu'au fin fond de la valise, même plusieurs mois après notre dernier séjour balnéaire.
Mais alors que le galet qui tout seul, ça va, en groupe, il est nettement moins amical.
Le galet est dur, le galet est rugueux, le galet est parfois acéré, pire, sous un soleil de plomb, il peut pêtre parfois tellement chaud qu'il en devient impratiquable, pire que le sable.
Et puis essayez d'être glamour sur votre serviette sur un tas de galets ou de rouler sur les galets pour vous retourner ? Pour trouver la position la plus favorable pour n'avoir pas quelque galet qui vous lacère le dos, il faut faire preuve d'audace et d'imagination.
Parfois même de patience.
Dans les 92 %, nous avons la famille «sable» : celle-ci arrive dès le matin en tongs chargée comme une mule. En vrac : un parasol, un solide pique-nique, une glacière, une crème solaire indice 30, le dernier best-seller de Marc Levy, des mots-croisés, un seau, un râteau, une pelle pour la cadette, un jokari, un ballon, un frisbee pour l'aîné. Malgré ce kit de survie, près de 80% des hommes s'ennuient à mourir au bord de la mer.
Les 8 % restants forment la famille «galets» : celle-ci sait qu'on souffre le martyre sur les cailloux, du coup elle y reste peu de temps. Pas de casse-croûte, pas de transat, aucun accessoire superflu, elle plonge illico dans les vagues, munie d'une paire de «méduses», ces sandales en plastique d'une laideur repoussante qu'elle perd régulièrement en nageant.
Les «galets» sont des sportifs qui recherchent une crique isolée, là où ils chasseront le crabe entre deux rochers avant de capturer quelques bigorneaux pour l'apéro, loin, très loin des enfants des autres. Le «galet», qui n'a d'ailleurs pas toujours de progéniture, possède souvent un chien. Les plus maniaques évitent le sable pour que l'animal n'en mette pas partout.
On connaît des collectionneurs de galets, on connaît moins des collectionneurs de sable. Et pourtant, ils portent un nom, ce sont des arénophiles. Tout le monde n'a pas cette marotte, mais qui n'a jamais amené un bocal de sable à la maison avant de finir par le jeter ?
Pendant des années, j'ai fréquenté un type qui collectionnait du sable. A chaque voyage balnéaire, il ramenait du sable dans une bouteille en verre d'une boisson locale qu'il testait pour faire "je m'intègre aux autochtones", dans le seul et unique but de pouvoir ensuite, la faire trôner parmi les autres graviers réduits en poudre.
Et sinon, moi je suis totalement sable fin. Parce que faire des châteaux de sable avec des galets c'est beaucoup plus difficile.
Je vous laisse, j'ai encore du sable dans les cheveux.
Photo : sand_love__okay_by_meia_verdade (Deviantart)