EDF et Areva passent la ligne d’arrivée avec deux ans de retard …. un record !
Alors que les athlètes français brillent dans le championnat d’Europe sponsorisé par Areva, l’industrie nucléaire française devient la championne du monde du retard !
EDF a confirmé, vendredi 30 juillet, que son réacteur EPR de Flamanville dans la Manche ne démarrerait qu’en 2014, avec deux ans de retard sur le calendrier, comme le révélait Le Monde jeudi.
Le projet de ce réacteur a été développé par le groupe nucléaire français Areva et l’allemand Siemens, projet dont le développement crève le plafond niveau budget : EDF a annoncé ce matin que le coût du chantier de construction de ce réacteur de troisième génération atteindra 5 milliards d’euros, contre 3,3 milliards prévus initialement.
Le consommateur, le contribuable, sponsors du nucléaire !
Au final, c’est le consommateur et le contribuable qui paieront la note. EDF a d’ailleurs reconnu que le coût du kilowattheure nucléaire d’un deuxième EPR serait de 0,60 €. C’est deux fois plus cher que ce qu’il promettait il y a cinq ans !
L’industrie nucléaire, championne du monde du secret
Après l’avoir classé Secret Défense, la présidence de la République a publié cette semaine sur son site la synthèse du rapport Roussely (François Roussely est vice-président Europe de Crédit Suisse et ex-président d’EDF).
Le président français a annoncé mardi une série de décisions sur la base de ce rapport notamment la conclusion d’un accord de partenariat stratégique entre EDF et Areva. Le rapport propose notamment qu’EDF, premier producteur mondial d’électricité nucléaire, qui gère 58 centrales en France et 15 en Grande-Bretagne, soit le capitaine de l’équipe française pour les constructions de centrales en France et à l’étranger.
Mais pourquoi empêcher la publication de ce rapport ? Comme le soulignait Hervé Kempf, journaliste au Monde dans son article du 2 juin dernier : « C’est tout à fait simple : imaginez qu’un document officiel contienne, d’une manière ou d’une autre, une référence à la chose militaire. Il vous suffit de le déclarer « secret-défense » pour en empêcher la communication publique. Autre méthode du même tonneau : un document officiel contient des données relatives à une entreprise privée. Vous lui demandez si vous pouvez le communiquer, elle vous répond que ces données relèvent du « secret commercial », et vous retenez le document, ou le caviardez des pages relatives à cette entreprise. Cette entreprise assume un service public ? La belle affaire !« .
Et voilà comment, grâce au secret défense, (alors qu’au moment de la remise du rapport, le 11 mai, les parties concernant la défense n’étaient pas incluses) et grâce au « secret commercial », Areva, EdF et GDF Suez ont échappé au débat public, échappé au débat citoyen et aux règles démocratiques.
L’énergie nucléaire, médaillée d’or de l’improvisation
C’est dans le même rapport Roussely que l’on peut lire : « Il est désormais indispensable que l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) définisse de façon urgente la planification opérationnelle fine de la préparation de l’échéance de 2015 concernant le centre de stockage profond« .
Recommandation intéressante : si celle ci est faite aujourd’hui, en 2010, c’est parce que ce volet des déchets n’a encore jamais été pris en compte sérieusement par l’industrie nucléaire.
Car les déchets issus du retraitement des combustibles des centrales, classés « hautement » et « moyennement » radioactifs, sont pour le moment stockés, à la Hague (Manche) et à Marcoule (Gard), dans des conditions dangereuses. Tellement dangereuses, que l’ASN a demandé à Areva de reconditionner 25 000 m3 de déchets le mois dernier! Le site du Bugey, envisagé par les responsables comme site de stockage sera quant à lui opérationnel … en 2013. A moins que lui aussi ne subisse un « léger » retard…