« Les invités de mon père » de Anne Le Ly (TF 1 Video)
Sortie le 04 août
Le film
3 out of 5 stars
Les bonus
3 out of 5 stars
J’ai cru entendre à propos de ce film qu’il s’agissait d’une comédie. Je pense avoir lu qu’elle avait créé la surprise. A mon avis la surprise vient plutôt de cette appellation complètement décalée par rapport à un film qui porte bien mal son nom, et son affiche .
Une base de scénario comme une autre, d’une actualité pesante et que la jeune réalisatrice Anne Le Ny prend tellement à bras-le-corps qu’on ne sait jamais comment elle va pouvoir s’en sortir.
Cette histoire, qu’elle rend imprévisible, peut partir dans tous les sens, aller dans toutes les directions, mais d’emblée Fabrice Luchini , qui joue Arnaud, le fils de Lucien, nous indique la voie à suivre « cette fille est une pute ! ».
Bien évidemment la famille ne veut pas l’entendre de cette oreille, surtout pas Babette, la sœur au grand cœur, pas mal déboussolée face à un père qu’elle a toujours admiré, notamment pour ses nombreuses implications dans des causes humanitaires. C’est l’homme de sa vie. Alors qu’il ouvre grands les bras à Tatiana tombe sous le sens, sauf que le comportement de la dame s’il n’incline pas à suivre Arnaud dans son raisonnement, laisse malgré tout planer pas mal le doute.
Et sur cette incertitude constante Anne Le Ny nous entraîne dans un labyrinthe de situations qui au début peuvent paraître effectivement drôles, mais qui en réalité débouchent sur quelques amers constats ( de la trahison à la dénonciation…) et des désillusions sur le sort des exilés, des sans-papiers, des laissés pour compte.
Comme sa caméra tient la distance nécessaire pour ne pas émettre des vérités toutes faites ou des jugements à l’emporte-pièce, on ne peut que s’accrocher à cette dérive sentimentalo-sociale (Lucien sous les traits de Michel Aumont , serait-il réellement amoureux ?) qui rejaillit obligatoirement sur le quotidien familial. Crise existentielle pour les uns, fissure familiale pour les autres et un gros paquet de questions auxquelles la réalisatrice nous laisse le soin de répondre . Dénoncer, renoncer…
Je n’imaginais pas vraiment un Luchini des grandes retenues pour jouer le personnage emblématique de l’homme arrivé ( un grand avocat d’affaires , « un énorme bourge » dit sa soeur, « un nouveau riche, rétorque-t-il ) à qui on ne le fait plus. Il est pourtant bien à sa place, à l’image de Karin Viard , bobo échevelée pour qui le passage à l’acte devient une autre histoire.
Le personnage de Tatiana , admirablement interprété par Veronica Novak est à mes yeux plus emblématique. Ni bonne, ni méchante, elle est très énigmatique, ambiguë, incertaine, aux yeux de la réalisatrice qui rejetant tout manichéisme en vient à nous faire douter de ses bonnes intentions. Il est toujours difficile de choisir son camp.
LES SUPPLEMENTS
Les scènes coupées
Elles sont intéressantes à regarder, même si effectivement elles n’apportent pas vraiment de consistance au film. A l’exception peut-être de la rubrique « Dernier verre de cognac » où l’on comprend mieux les ressentiments du fils Arnaud vis à vis de son père . Par la suite cette scène sera reprise , mais de manière plus violente. Toutes les scènes coupées tournent autour de l’état d’esprit de la famille , gauche bon teint, mais bourge avant tout .
Interview
Sur des rubriques bien définies ( l’histoire, l’écriture, les personnages… ) la réalisatrice et les acteurs parlent tour à tour , avec une pertinence toujours plaisante de la part de Fabrice Luchini « Moi j’obéis à la patronne , je tire vers la comédie , car attention à la psychologie, mais j’obéis si l’on me dit de faire autrement ». Sur la façon de jouer son personnage il dit ne pas avoir d’opinion « ou alors comme on est dans un hôpital ( lieu de l’interview) il suffirait d’y rester , car si vous rencontrez un acteur qui peut se commenter , ça s’appelle de la schizophrénie, c’est un peu inquiétant « .