Une nuit de juillet, je remonte dans ma chambre, je t'attends avec impatience. Je t'ai porté, mais nous ne t'avons pas vu naître, je t'ai aperçu, tu avais quelques secondes et puis la longue attente ...
Je remonte enfin, après des heures perdues à t'attendre dans la salle de réveil.
Ton père et moi sommes impatients. Tu es là juste à côté. Pas encore à nous. On ne sait pas si on a "le droit" de demander à te voir. Ton papa t'a accompagné durant tes premières heures, il t'a admiré, photographié, filmé derrière ta boite de plastique.
L'infirmière arrive : Tu es beau. Tu pleures, tu as faim.
L'infirmière est venue car tu pleurais. T'aurait-on attendu longtemps sinon ?
Pas le temps de faire connaissance. Tu ne têtes pas, "ce n'est pas grave, c'est normal, ca arrive". Tu repars. Ton papa rentre dormir, la nuit sera courte. Je t'attends toute la nuit.
Enfin, au petit matin, on t'amène. Dans ton berceau. Je n'ose te pendre. Es-tu à moi ? Je ne peux pas trop bouger, j'ai mal. Ah ! cet accouchement sans douleur que l'on supporte bien après. Mais ça passera vite, tout s'oublie.
Je t'observe. Quelques secousses qui nous intriguerons. "C'est normal". L'auxilière m'aide à te prendre dans mes bras. Tu es un beau petit bébé, qui dort beaucoup.
Je suis mère.
Une nuit de juillet, un an plus tard. Tu ne dors pas.
Tu dors mal la nuit, il fait trop chaud, ou trop froid, ou tu as mal, on ne sait pas.
Alors nous regardons les étoiles, allongés sur le transat.
On s'endort tous les deux au petit matin, alors que je te raconte que tu es mon ange, mon soleil, mon amour.
Désormais, nous savons. Nous te regardons un peu surpris, inquiets, incompris.
Je suis de nouveau enceinte. Ta petite soeur grandit au fond de moi.
Une grossesse qui me semblera si longue...
(hélas, je n'ai plus de photos de cette période)
Quelques mois plus tard, un matin de février, Marie-lou arrivera avec un jour d'avance.
Elle est si petite.
Tout est déjà tellement différent.
Une nuit de juillet, trois années ont passé. Tu ne dors pas, un peu malade et fatigué.
Je suis vieille, j'ai 100 ans, depuis un vague matin de janvier. Ta soeur partira, mais toi tu restera là, immuable. J'ai 100 ans, il n'y a plus rien qui vient après. Que peut-il se passer d'autre ? Qu'y a-t-il à espérer ? J'ai 100 ans pour longtemps.
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