C'est en lisant les premiers articles, qui commencent à arriver sur la page de l'évènement facebook de cette édition des Vendredis du Vin, qui démarre à minuit, en particulier celui d'Olivier Lebaron, qui tient son blog sur Terre de Vin - le portail du vin et du oenotourisme, que j'ai senti comme un petit frisson:
"L’oenotourisme, c’est quoi ? La question revient de temps en temps. Ce mot interpelle encore et il faut l’expliquer. La tendance enfle. Tout est oenotourisme. On ne peut plus faire un magazine de vins sans le consacrer à l’oenotourisme !
Ce serait le nouvel eldorado des vignerons ! Pas si sûr ! En attendant, il est légitime que dans les vignobles, le terroir sublime l’univers du vin. Les initiatives se multiplient pour faire rencontrer le touriste et le vin, du banal caveau à la chambre d’hôte en passant par les balades vigneronnes etc…"
C'est peut-être le fait de voir pour la première fois le mot "touriste" séparé du mot oenos, qui m'est si familier... Parce que finalement, j'aime plus le passionné de vin, l'amateur de la dive bouteille, que le "touriste" - peut-être parce que je l'ai déjà entendu de la bouche de nos politiques régionaux il y a bien 25 ans, quand ils ont décidé, de faire de notre arrière pays de l'Hérault un centre du "tourisme social", pour remplacer l'agriculture, jusque là le pilier économique du pays, mais en train de se mourir suite à l'exode rural des derniers 50 ans et aux crises successives des différentes branches de production, à commencer par la vigne, basé sur un système de coopératives surannées, qui n'ont pas su prendre le train de la qualité à temps, pour en convaincre leurs adhérants, en parallèle du marron, anciennement fameux, quand il était d'Olargues, mais qui périclitait suite aux différentes maladies et au manque d'entretien, faute de bras - aujourd'hui ressuscité pour des fêtes des village, pour attirer le tourisme de proximité en arrière saison, la cerise, victime d'une suite d'années climatiquement difficiles, qui ont fait perdre des marchés - et les primes à l'arrachage, celle des années 80, contre la surproduction, qui ne se passait vraiment pas sur ces coteaux arides de la vallée du Jaur et de l'Orb, et celle d'aujourd'hui - toujours même drame: ce sont les meilleurs terres en termes qualificatifs, qui s'arrachent - tombent en friche ou sont transformés en terrain à bâtir, s'ils se trouvent à proximité du village...
Résultat chez nous: l'agriculture se meure, les chambres d'hôtes, campôtels, gîtes et même restaurants, ouverts que l'été, poussent, mais souvent monté et géré par des gens venus d'ailleurs, et les touristes, que cela attire, font comme eux: ils achètent leur nourriture et leur vin aux super et hypermarchés à 25 km, où les prix sont plus sociaux que sur le marché ou chez le petit producteur du coin.
C'est Michel Smith, sur son blog pourlevin, qui me réconforte encore ce matin dans mon sentiment mitigé par rapport au terme barbare de ce mot oenotourisme, mis à toutes les sauces du marketing aujourd'hui - et qui en plus est le nouveau remède miracle, subventionné, si vous le faites "bien", selon des chartes et des standards pour votre caveau de dégustation, (on vous cite souvent l'exemple de la Californie) bientôt (déjà) inclus dans des tours opérateurs des agences de voyage - avec des vignerons comme gentils animateurs, des "villages vignerons", des spectacles -
Bon, je me calme, je suis sure, qu'il y aura plein de récits de visites chez "le" vigneron passionné, faites par des amateurs passionnés, des rencontres inoubliables avec des hommes/femmes et leurs vins, qu'on va pouvoir lire aujourd'hui chez les Vendredistes, qui vont me contredire - mais j'ai bien trop peur, que cela sera comme pour le "bio" ou le "naturel": que le fait d'en faire un hype, une mode, donner des recettes, passer par des agences spécialisés... va galvauder l'idée de base: celle d'une rencontre à l'échelle humaine, entre des individus, unique, chaque fois différent et enrichissant - comme un bon vin....