Ernest Pignon Ernest n’a plus rien à prouver dans son art. Il se dit peintre mais reconnait qu’il n’a jamais produit de tableau. C’est au dessin qu’il a consacré son talent et le talent en ce domaine, il en déborde. Depuis plus de trente ans, l’artiste perfectionne son geste et ces œuvres évoquent les Michel-Ange et Vinci, mais c’est au Caravage auxquels les thèmes qui l’habitent, le relient. Autant dire que les comparaisons sont flatteuses, elles sont largement méritées. Il a du souffle, de l’inspiration, de l’imagination. Pourtant, c’est en voyant « Guernica » de Picasso que lui est venue l’envie de peindre : « Je suis devenu peintre à cause de Picasso : j'avais 13 ou 14 ans quand j'ai vu "Guernica". Je voulais faire de la peinture pour parler des hommes… mais j'ai découvert que je n'étais pas Picasso. ».
Mais tout autant que son art, sa démarche en fait un artiste singulier. Il a toujours préféré la rue au musée et ses dessins modifient les paysages urbains. Comment penser Naples à présent sans les personnages qu’il a intégrés dans l’architecture urbaine ? A ce titre, il est considéré comme le premier artiste de « street art »
Hantée par les ombres de Nagasaki et d'Hiroshima, ce sont les souffrances humaines qui l’inspirent et les personnages qu’il représente souvent à l’échelle 1, en portent les traces. Images peintes, dessinées ou sérigraphiées sont apposées sur les murs, mais pas n’importe où, le repérage des lieux qui accueillent ses œuvres éphémères font partie du travail d’Ernest Pignon Ernest. Il étudie chaque lieu avec soin avant d’y coller ses dessins. Et il ne choisit pas les plus belles avenues, tout au contraire, les endroits délaissés ont sa faveur.
Une démarche généreuse et des thèmes souvent d’actualité - un très émouvant travail sur l’exil en témoigne mais il en est d’autres – son insolent talent et sa quête permanente de perfection le classent parmi les plus grands. Les arts graphiques ont gagné un maître.
Une rétrospective de son œuvre est présentée à La Rochelle, elle permet d'appréhender le parcours de l'artiste et d'apprécier l'immense travail que chaque dessin met en oeuvre : esquisses, carnets de route....
jusqu'au 22 août à l'espace Encan.
Ouvert tous les jours de 10 heures à 20 heures.
Entrée : 4 et 5 € (gratuit pour les moins de 12 ans).
Renseignements au 05 46 45 90 90
Et pour ceux qui ne le connaissent pas encore et ne pourront se rendre à La Rochelle, un petit tour sur le fameux moteur de recherche double G et double O, il y a une grande quantité de photos de ce travail.
Son site : www.pignon-ernest.com/
Il ne faut surtout jamais se priver de la beauté qui servie avec tant de générosité, bouleverse le regard.