28ème session des Vendredis du vin. Destination la vigne et le vignoble, pour une partie de tourisme viticole, à la demande du monomaniaque alsacien, pourtant largement ouvert aux autres régions, si l'on en croit la diversité de ses commentaires de dégustation. L'œnotourisme est une pratique à la mode, encouragée par tous les acteurs de la vie économique, y compris en plus haut lieu, tandis que dans le même temps, les défenseurs de la Santé publique pourfendent bassement les vignerons, vils corrupteurs de notre belle jeunesse, tout juste bonne à lever le coude et se jeter des grandes lampées de Crus classés derrière le sifflet sans même recracher, ou alors juste vomir au bout du 3ème magnum. "A bas le vin et les viticulteurs, mais vive l'œnotourisme", s'exclament d'une seule voix et de concert les Ministres de la Santé économique publique réunis. "Tous dans le bus", pour sillonner le Bordelais, la Bourgogne ou la Napa Valley, à la rigueur le Jura, et s'arrêter dans des wineries ou chez Henri Maire, y regarder un film sur le travail à la vigne et l'historique du vignoble, suivre un parcours balisé en cave comme on visite un musée, déguster des produits stéréotypés en compagnie d'un agent commercial et/ou d'une secrétaire trilingue, et, enfin, remplir le carnet de commandes avant de remonter dans le bus en chantant merci chauffeur, merci chauffeur. Point à la ligne, paragraphe suivant.
Quelle que soit la destination choisie, en France, en Europe, ou ailleurs, dur d'échapper à la présence du vin et de la vigne, véritable pan de notre patrimoine qu'il serait véritablement malséant de vouloir occulter, quand il ne s'agit pas d'essayer de l'anéantir complètement sous couvert d'hygiénisme mal placé. Si l'œnotourisme de masse a la faveur de nos élus, grâce aux retombées financières susceptibles de faire vivre l'économie locale, le vinotourisme artisanal a (heureusement!) encore droit de cité. Seul ou en groupe, le véritable amateur ne demande qu'à arpenter les vignes, visiter les caves, rencontrer les hommes et les femmes qui font le vin, le goûter et l'appréhender avec eux, sans qu'on lui anime et balise son parcours de façon superficielle, comme dans n'importe quel voyage organisé.
Manger et boire "local", quand on est en villégiature quelque part, voilà une sympathique façon de mieux s'immerger dans le milieu autochtone. Manger et boire "local de là-bas", quand on est rentré à la maison, voilà une sympathique façon de se remémorer ses vacances sans sacrifier à la sempiternelle soirée diapo.
Pas de visite de vignoble au menu, cette année, pendant les vacances de la famille Olif. L'œnotouriste qui sommeille en moi ne s'est pas réveillé à la vue des coteaux de Bellet. De façon fort avisée, quelques échantillons de cette production un peu confidentielle ont pourtant fait le chemin jusque dans le Jura, afin d'être sacrifiés sur l'autel de mon bon goût dès le retour à la maison.
De l'œnotourisme par procuration, comme une carte postale reçue à la maison après le retour de vacances, ce Clos Saint-Vincent 2008, issu à 90% de folle noire, complétée de grenache, ne nous raconte pas de salade. Dense, opaque, séveux et plein, il est encore marqué par le fût, mais laisse apercevoir une bien jolie matière d'une grande originalité, pour ne pas dire d'une noire folie.
Bons baisers de Nice et merci chauffeur, merci...
Olif