Dans une démocratie républicaine, la loi s’impose de la même manière à tous, sans considération de nationalité ou d’origine. Que reste-t-il de ce principe, fondement de la République française, lorsqu’au sommet de l’Etat, une réunion exceptionnelle est convoquée pour décider d’un plan de lutte contre la « délinquance » des Roms et des gens du voyage ?
L’appareil répressif et pénal français, sous l’égide de la justice, sert à sanctionner toute infraction à la loi, sans qu’il soit besoin d’énoncer des règles spécifiques ne visant qu’une seule communauté. Il est d’ailleurs étonnant d’entendre des membres du gouvernement transmettre des données sur la délinquance et les reconduites à la frontière des Roms dans un pays qui proscrit officiellement les statistiques ethniques. A l’inverse, nous pensons que la réunion élyséenne pourrait être utile si elle se penchait sur les manquements des élus de la nation au regard de leur obligation de prévoir des aires d’accueil pour les voyageurs. Fin 2008, seules 42 % des communes de plus de 5 000 habitants avaient mis en place de tels emplacements.
Nous rappelons qu’il y aurait 10 à 12 millions de Roms en Europe dont la grande majorité serait des ressortissants communautaires depuis l’élargissement de l’Union européenne en 2004 et 2007. En d’autres termes, rien ne les distingue juridiquement du retraité anglais du Périgord ou de l’étudiant suédois à Paris, en ce qui concerne la liberté de circulation.
La parole présidentielle est un symbole. Fallait-il vraiment l’engager sur un fait divers, aussi grave soit-il ? Devons-nous y voir les prémisses d’une dérive « à l’italienne », où populisme et démagogie annoncent une porosité croissante entre une droite radicalisée et l’extrême-droite ?
Paris, cp/France terre d'asile, le 28/07/2010
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