L’Habitat Esquermois.
Chacun sait que jusque 1858 Esquermes est un village indépendant, parcouru par les innombrables bras de l’Arbonnoise, qu’utilisent blanchisseurs et teinturiers . Quelques châtelains et les Moines de l’Abbaye de Loos exploitent la plupart des terres. Les maisons du village se serrent autour de l’Eglise St Martin reconstruite après la Révolution.
Dès 1830, la sucrerie Bigo-Tilloy et la filature Thiriez s’installent près de l’Eglise. De nombreuses autres usines textiles suivent leur exemple : Crépy, Delebart, Fauchille, Scrive, Faucheur, Loyer, en même temps sont construits des logements ouvriers. Les anciens petits chemins qui serpentent dans les prairies permettent l’accès aux rues principales.
Esquermes qui comptait 1238 âmes en 1804, en a 2500 en 1850, 3731 en 1856. Les usines métallurgiques se multiplient elles aussi : Pingris, Mollet Fontaine, La Providence… les paysans arrivent de tous les villages environnants pour y travailler.
Après l’Annexion d’Esquermes par Lille en 1858, la construction des nouvelles fortifications et l’établissement d’une zone militaire avec servitude vont bouleverser la topographie du village. A la fin du 19° siècle l’implantation des maisons se diversifie. Sur les axes majeurs, s’implantent les hôtels particuliers et les maisons bourgeoises, ( rue d’Isly, rue de La Bassée, boulevard Vauban ). Les rues transversales voient s’édifier des maisons de moyenne importance mais avec un souci d’architecture raffiné ( rue de Turenne, rue d’Holbach, rue d’Alembert, rue V. Ghesquière ) . D’autres axes, rue Colbert, rue d’Esquermes, voués au commerce voient s’édifier des immeubles cherchant une rentabilité foncière.
Les maisons plus modestes s’alignent souvent auprès des manufactures, réhabilitées aujourd’hui elles possèdent des qualités de construction indéniables, ( cour Potier, rue d’Iéna, rues de Dieppe et Violette ) .
Au début du 20° siècle, la bourgeoisie est attirée par des zones plus éloignées ( avenue de l’Hippodrome, La Madeleine ) tandis que se construisent un peu partout de beaux lotissements de maisons jointives à l’allure élégante (rues Alfred de Musset, Casimir Delavigne).
Entre les deux guerres on érige de nombreux petits immeubles de rapport ( rue d’Isly ) qui sont le premier exemple d’opérations de substitution. Entre 1930 et 1960, les immeubles de 6 à 7 étages se développent, ( exemple place du Maréchal Leclerc ancienne place de Tourcoing. pour remplacer les maisons brûlées en mai 1940.
Certaines résidences remplacent des Châteaux comme au square du Portugal ( château Dehau ) la Résidence d’isly et le Clos Saint Martin ( Bigo ).
D’autres sont à l’emplacement de friches industrielles, le Symphonium
( usine Speichim ) le square d’Espagne ( forges de la Providence ) et la Grande Brasserie boulevard de la Moselle.
De petite immeubles ont pris la place de maisons bourgeoises devenues onéreuses à entretenir ( boulevard Vauban ). La présence d’espaces plantés, vestiges d’un parc ancien, valorise parfois une nouvelle construction ( Jardin du Prévôt rue de La Bassée, les Clarisses sur l’ex Carmel ). Subsistent aussi de nombreuses maisons du 18° et 19° siècle qui ont gardé tout leur charme, parfois leurs rouges-barres et rappellent qu’Esquermes fut un village ( rue Delezenne, rue St Bernard ).
En conclusion on admire dans notre quartier les magnifiques pignons, les découpes spatiales à la Lilloise, les ouvertures arrondies, les façades Art-Déco, les nombreux balcons en pierre ou en fer forgé, les bow-windows, les fières maisons d’angle du passé et les résidences confortables d’aujourd’hui qui ont modernisé notre ville.
Rue d'Esquermes , les vaches s'en vont au pré, (les années 1950)