Nicolas Sarkozy avait fixé l’objectif à 3000 en 2012. Avec 4273 personnes tuées sur les routes en 2009 (contre 4275 en 2008), et un objectif de moins de 4000 cette année (si la tendance observée durant le premier semestre 2010 se poursuit), on est encore loin du programme présidentiel, mais, peu à peu, la mortalité routière diminue. Durant les six premiers mois de cette année, 211 vies ont été épargnées. La tendance sur le temps long est éloquente : 16 200 en 1971, 10 200 en 1990, et encore 7600 en 2000.
4000 morts en 2010, c’est toujours 4000 de trop. Et il va de soi qu’il faut continuer à lutter contre la mortalité routière. Mais il est tout aussi évident que les vies sauvées seront chaque année plus faibles par rapport à l’année précédente. L’automobiliste étant faillible, la mortalité routière finira par se rapprocher avec les années d’un nombre-plancher difficilement réductible.
Les remèdes nécessaires à la réduction du nombre de victimes sur les routes risquent donc d’être de plus en plus durs à trouver.
Et ce ne sont pas, à notre sens, ceux proposés par la Ligue contre la violence routière qui vont être utiles dans cette optique. Sa présidente, Chantal Perrichon, prône par exemple l’interdiction des avertisseurs de radars type Coyote, alors qu’ils se contentent de reprendre la très officielle carte des radars fixes de France. C’est un peu comme si l’on décidait d’interdire d’un seul coup tous les panneaux de signalement des radars automatiques, idée à l’étude et dont nous avons dit le scepticisme qu’elle nous inspire.
Chantal Perrichon préconise aussi de réduire de 20 km/h la vitesse maximale autorisée sur les routes départementales étroites (90 km/h en temps normal, 80 km/h par mauvais temps et pour les jeunes conducteurs). Mme Perrichon est-elle vraiment sûre qu’obliger les automobilistes à conduire à 70 km/h (60 km/h par mauvais temps ?) réduira le nombre de morts ? Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’une route étroite ? L’étroitesse des routes, comme celle de l’esprit, est une notion toute relative, sujette à l’arbitraire.
La volonté de réduire la mortalité routière part d’une bonne intention. Mais la sagesse populaire dit bien que l’enfer en est pavé.
S’il fallait résumer cela en un slogan, nous pourrions dire : « Réduire la mortalité routière, oui ! Punir les automobilistes, non ! ».