Tous pourris ?

Publié le 09 juillet 2010 par Lomig

J’ai vu chez Franck Boizard un lien vers un article de Marc Cohen (Causeur.fr). Il tombe en plein dans ce que Rioufol dénonçait dans son dernier bloc-notes :

En soutenant le simplisme du « Tous pourris », à coups d’accusations sans preuves et de procès sans juges, l’opposition décrédibilise à son tour la chose publique.

L’opposition, et les médias. Je ne parle même pas du « travail » de Médiapart, le site de Plenel. Ni de la très improbable culpabilité de Woerth. Je cite la conclusion de M. Cohen, et lui réponds :

Non, il n’y a pas d’argent propre en politique, il n’y a que des pauvres couillons qui se font gauler, alors que d’autres passent entre les mailles. J’ai la faiblesse de penser que l’immense majorité des électeurs en ont conscience, et que, comme moi, ça ne les dérange pas plus que ça. À preuve, ça ne les a pas empêchés de réélire triomphalement Alain Juppé, Jean-Paul Huchon et bien d’autres, malgré leurs condamnations judiciaires.

Sans financement occulte, pas de partis politiques. Sans partis, pas de démocratie. Réfléchissez et choisissez !

Marc Cohen

Lettre ouverte à M. Cohen, de Causeur.fr

Oui : réfléchissons. Je suis toujours en ce moment en train de lire le formidable, excellentissime livre d’Hayek : Droit, Législation et Liberté. Thatcher, je crois, disait que tous les hommes politiques devraient l’avoir lu. Les journalistes aussi, visiblement. Et dans les pages que je lisais hier soir, on trouve des réflexions expliquant en quoi la démocratie peut devenir une forme d’organisation du pouvoir qui va à l’encontre de son but initial (but noble qui est de défendre la liberté individuelle, de contraindre le pouvoir, d’empêcher l’arbitraire) :

Une assemblée qui a le pouvoir de voter des faveurs à des groupes particuliers devient forcément le cadre où les compromis au sein de la majorité entraîneront la décision. La prétendue volonté de la majorité élaborée dans le processus de marchandages n’est rien de plus qu’une entente pour favoriser ses clientèles au détriment du reste. Le discrédit de la politique parmi les simples citoyens est dû à la constatation de ce fait que les politiques poursuivies sont largement déterminées par des séries de troc avec des groupes d’intérêts organisés.

Friedrich Hayek

Ce qu’il faut, donc, c’est empêcher les politiciens d’être à même de favoriser des groupes d’intérêts par des décisions règlementaires ou légales. Les lois votées au parlement devraient toujours être des lois qui s’appliquent de la même manière à chaque individu.

Et donc, non, mille fois non, Monsieur Cohen ! Nous n’avons pas le choix entre le financement occulte ou la disparition de la démocratie ! Nous avons le choix entre le socialisme et le libéralisme. Nous avons le choix entre les inévitables dérives de l’absolutisme démocratique, les marchandages, et la limitation des pouvoirs du gouvernement pour lui interdire de favoriser tel ou tel groupe de pression.

La remise en question est plus lourde qu’une simple boutade de vieux roublard, même réaliste : il s’agit de retirer à l’appareil étatique le pouvoir de s’immiscer dans les affaires privées, et le recentrer sur ses attributions régaliennes. Il s’agit de dénoncer ceux qui volent aux uns pour donner aux autres, au nom d’une prétendue « justice sociale », à des fins électorales.

Etes-vous prêt à défendre cela, plutôt que les financements occultes ?
Etes-vous prêt à défendre la justice, plutôt que les magouilles et les copinages ?

Réfléchissez et choisissez !

Article paru sur Expression Libre, membre de LHC.