Cris dérisoires sur le papier.
Feuilles noires déjà mortes que le vent disperse.
Une graine peut-être.
Parfois un écho.
À quoi bon.
Les poètes du soleil racornissent avec les prés.
Epuisement des sols, fin d'été.
Être le poète du silence.
De la beauté éphémère d'un papillon.
Des lendemains qui chantent servent de programme à tous les partis.
Demain, c'est trop tard.
Être aujourd'hui.
S'appesantir.
Les désirs s'époumonent.
Le ventre lisse et plein d'une femme.
Et mes mains malhabiles sur sa peau.
Être le poète de l'instant.
Saisir un éclat dans vos yeux.
Le gargouillis prosaïque d'un estomac repus.
Un ciel et sa folie d'éclairs.
Ton sourire sur cette photo.
Flashs fulgurants de rêves superposés.
Être le poète du mot qui passe.
Incohérences peut-être.
Déjà le temps a tourné la page.
Début d'un nouveau roman.
Déjà vécu, déjà vu.
Nous vivons toujours un pied dans le passé.
Et des déserts entiers s'écoulent dans le sablier.
Être le poète de l'immobile.
C'est peut-être à l'horizontale que l'on vit debout.
Zoom sur l'infini du bleu.
Ne plus bouger.
Un oiseau se pose sur mon nez.
Être l'arbre, le nid, et la plume.
Années 1970 - Mai 2010