Benjamin Boullier Dossier Communautaire.
Soucieuse de la réalité des adolescents de Longueuil, la Maison de jeunes Kekpart entre dans l’âge adulte. Ses 27 ans d’expérience permettent de soutenir des milliers de jeunes en leur offrant un statut de citoyen actif et responsable. Par la prévention, la Maison Kekpart veut contrer les problèmes de la prochaine génération: consommation, taxage, prostitution juvénile, gang de rue, décrochage scolaire et détresse psychologique.
Kekpart où ça a commencé
La croissance démographique de Longueuil et le manque de structures pour les jeunes au début des années 1980, ont été les éléments déclencheurs de la création de cet organisme pas comme les autres. Tout droit sorti de l’imagination et de la passion de sa fondatrice, Hélène Rainville, le projet passe du sous-sol d’un CLSC de Longueuil au quartier du Carillon. Désormais située dans la seconde zone la plus défavorisée de la rive-sud, la Maison est immergée au cœur des problèmes qu’elle entend atténuer.
Richard Desjardins, éducateur spécialisé qui a travaillé en Haïti, en République Dominicaine et en milieu carcéral avec des condamnés à vie, est engagé comme directeur. Plutôt du genre à fuir la routine, il est toujours en poste après 18 ans. Il n’a jamais songé fuir la maison de jeunes Kekpart. «Ici tu ne t’ennuies pas, les journées sont toutes différentes et chargées.»
La prévention comme outil de travail
Monsieur Desjardins nourrit de grands espoirs: «En réadaptation on peut enregistrer 1% de réussite, alors qu’en prévention c’est 99%», explique-t-il en soulignant la différence entre son travail actuel et l’époque où il travaillait avec des prisonniers. Le ton est donné, l’action est de mise et le résultat doit être au rendez-vous. De nombreux projets verront donc le jour, chacun pour aider les jeunes à résoudre leurs problèmes et pour en faire des citoyens responsables.
Le dernier né, le Centre de Formation des Arts de la Scène Desjardins, est la preuve vivante de la foi de l’équipe Kekpart. Après deux ans de démarches administratives, de recherche de financement et une bonne dose de passion, la Maison s’agrandit. Elle se dote de studios et d’équipements à en faire pâlir les idoles artistiques de nos jeunes.
Visite de la Maison de jeunes Kekpart
Dans la cuisine, les jeunes peuvent apprendre la préparation de repas et ainsi comprendre les bases de la vie autonome. A la salle d’informatique, on peut à sa guise travailler ou flâner sur internet.
La maison est équipée de matériel plus pointu permettant de pratiquer des activités culturelles. Salle de montage vidéo, de conférence, d’exposition, cinq studios de musique et un d’enregistrement sont à la disposition des jeunes pour apprendre ou approfondir leurs talents.
Cet agrandissement permet aujourd’hui à Kekpart de faire vivre 21 employés dont 5 anciens jeunes participants. De plus, 6 000 jeunes participent chaque année à un projet (écoute, repas communautaires, pratique de sport ou de musique, suivi psychologique).
Kekpart entre décrochage scolaire et responsabilisation de la personne
Le centre propose également un projet novateur en prévention du décrochage scolaire. La Relève émane d’un constat simple: pour qu’un jeune échappe au décrochage et à l’exclusion sociale, il faut l’intégrer dans un projet motivant et favoriser son intérêt à s’instruire.
La base du projet est un contrat signé entre le jeune, son école et la Maison Kekpart. En s’engageant à être assidu en cours et à compléter son année scolaire, le jeune accède à un stage de trois mois en art de la scène, en techniques sonores ou en vidéo. «Ces activités accrocheuses donnent de l’espoir aux jeunes et leur démontrent qu’ils peuvent devenir quelqu’un souligne Jocelyne Cazin, marraine de l’organisme depuis 2003.
Des projets pour raccrocher
Après des écarts de conduite, Alex, alias Lexzibé du groupe Xplicite, intègre ce programme via l’école Jacques Rousseau de Longueuil. Ce rappeur de 17 ans a désormais des projets plein la tête. Il se montre assidu en classe. «Si tu manques l’école, on peut t’enlever une journée de stage», résume-t-il. Lorsqu’on est passionné par son projet comme lui, on ne souhaite pas que cela arrive!
Durant les trois mois de son immersion, Alex a ainsi appris le travail en studio d’enregistrement, participé à la création d’un court métrage et travaillé avec des professionnels reconnus tels DJ Eklipse, Sans Pression, Caya ou encore Pop Star.
Une intervention qui inspire
Le stage achevé, il ne quitte pas Kekpart, sa «deuxième maison», comme il aime l’appeler. Il prépare, en collaboration avec l’organisme, une compilation ainsi qu’une tournée d’une dizaine de villes en Montérégie.
Pour son avenir, Alex envisage maintenant fréquenter le CEGEP en Technique de son, une fois son secondaire terminé. Ses relations avec ses parents se sont améliorées et il a trouvé sa voie: il travaillera dans les studios et dans le Hip Hop.
Avec ses programmes originaux et un équipement à la hauteur de ses ambitions, cet organisme a su devenir un lieu dynamique remplissant ses missions. «Espérons que la Maison de Jeunes Kekpart fera des petits au Québec» ajoute Jocelyne Cazin. C’est tout le bien que nous lui souhaitons.
Reflet de Société, Vol.17, No 2, Février/Mars 2009, p.26-27
Kekpart en Kek’ chiffres :
- 1 salle de spectacle (disponible à la location)
- 1 salle de conférence (disponible à la location)
- 1 salle d’exposition (disponible à la location)
- 5 studios de pratique pour groupes de musique (disponibles à la location)
- 1 studio d’enregistrement (disponible à la location)
- 1 salle de montage vidéo
- 1 salon pour les jeunes
- 1 salle d’ordinateur
7 plans de soutien :
- Projet Komma : dépendances alcool et drogues
- Projet Focus : taxage, victimes et bourreaux
- Projet Mordicus : détresses psychologiques
- Projet Sans P ni E : prostitution juvénile
- Projet L’École j’l’apprend et Projet La Relève : décrochage scolaire
- Projet Adrénaline : gang
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