Du folk nous avons fait n'importe quoi. Revival suicidaire, le retour au folk de la fin des années 90 n'aura fait que dissoudre l'essence du genre. Indie-folk, voilà où nous en sommes, marasme où se mélangent éléments acoustiques traditionnels, production informatisée, grilles d'accord pop, le tout dans une forme d'indifférenciation vraiment embêtante. C'est bien simple, le folk est devenu un slogan, pareil au bio, un masque d'intégrité qui oublie sa stricte valeur d'artifice et de pause. Alors, forcément, militantisme oblige, dès qu'un artiste repositionne le folk sur ses vrais terres, je le défends fermement. Je n'ai jamais été grand fan de Mark Kozelek, les Red House Painters me passent un peu au-dessus de la tête et les précédents disques de Sun Kil Moon m'ennuient. Admiral Fell Promises ne déroge pas vraiment à cette règle : son dernier tiers perd mon attention – compositions longues, trop longues –, néanmoins j'aime ce disque, la proximité qui s'y instaure entre un songwriter, son seul intrument, une guitare, et l'auditeur qui se sent capter un moment pur et authentique. Sorte de Pink Moon en plus morose (et radotant), Admiral Fell Promises possède une grâce rare, raffinée, une voix discrète mais habitée, un jeu riche, légèrement teinté d'Espagne ; et tout cela signe une mélancolie en apesanteur, sans rumination, une confession sans fioriture, avec la simplicité et la délicatesse de ceux qui savent humblement s'exprimer. 6/10.
Autres avis : Playlist Society, Random Songs