Actuellement, Sonia Chamkhi prépare la sortie de son dernier film documentaire "L'Art du Mezoued", prévu en avant première le 14 Août au cinéma Le Colisée
Entre temps, Sonia Chamkhi a acceptée de jouer le jeu du Chop'view et de répondre à mes trois questions.
Outre l'enseignement, l'écriture et la réalisation de court métrage .. Sonia Chamkhi c'est aussi ..
J'entame la quarantaine et je pense déjà à la vieillesse ! Seul « inconnu ordinaire» que je redoute », pour le reste, j'ai peu de craintes parce que j'attends pas grand-choses, peut-être parce que je crois que les choses ressemblent toujours à ce qu'elles doivent être ( aîe le fatalisme! ) ou parce que je me suffis ( ne serait-ce que matériellement) de très peu. J'étais une enfant et une adolescente très joyeuse, je le suis probablement un peu moins : j'ai perdu quelques poussières d'innocence :) mais j'ai rencontré l'amour et j'ai un petit garçon, cadeau inespéré de cette vie versatile.
J'ai enseigné par vocation (j'avais d'autres possibilités de carrière professionnelle) et je crois avoir été un bon prof, je le serai probablement moins dans les années à venir, l'enthousiasme s'est émoussé : j'ai été pendant treize ans une enseignante d'ateliers pratiques de création visuelle et audiovisuelle, je compte me convertir à l'enseignement de la théorie, un tel enseignement demande moins d'implication et j'ai comme le sentiment que je ne suis plus capable de donner autant de moi-même, et j'en ai un peu honte...
Je crois être une femme discrète et modeste mais on se fait tellement d'illusions sur soi-même! Je suis féministe, parce que je crois qu'il reste beaucoup de choses à faire pour améliorer la vie des femmes : trop de femmes battues, méprisées et matériellement dépendantes et pas assez instruites, assez fortes pour choisir leur vie et faire bouger les choses. Mais je sais aussi que les femmes ne sont pas les seules à subir l'injustice et l'iniquité des chances, alors disons que je suis du côté des mal-lotis, à ma manière et selon ce que je sais faire.
Je crois être intellectuellement libre, je refuse tous les dogmes, je me fie à mon expérience personnelle, à mon cœur et à ma raison. Je ne prends rien pour argent comptant : l'expérience dément toutes les théories pré-fabriquées.
J'aurai aimé être chanteuse (j'adore les voix) mais je n'ai aucun talent pour le chant. J'aime voir les gens danser (avant, je dansais tous les matins).
Avant, j'écrivais fréquemment et ça m'a donné beaucoup de joie. Aujourd'hui, j'écris comme par nécessité et je me dis parfois que le retrait qu'exige l'écriture me fais peut-être passer à côté de maintes plaisirs.
Mais il se trouve que je n'aime plus sortir, je n'aime pas la nouvelle mondanité, je me sens étrangère à ce monde branché et brillant.. J'ai quelques amis ( une pensée spéciale à mon ami Abderrazek Sahli qui nous a quitté et qui me manque beaucoup ) et des centaines de gens que j'aime de loin : des écrivains, des poètes, des penseurs, des peintres, des comédiens et quelques cinéastes. La plus part du temps, quand je sors c'est pour les besoins de l'écriture : observer les gens, les écouter parler, apprendre à les sentir et à les apprécier et je n'ai pas de préférence entre les « gentils » et les « méchants », ce que j'aime c'est le tempérament, l'aura, le charme..
Faire des films aussi était plus joyeux pour moi, peut-être que tout cela a pris une tournure trop sérieuse et une confrontation à un monde-marché (un marché étatique!) trop féroce à mon goût et pas toujours loyal...
Je pense continuer à écrire et à faire des films - si les producteurs trouvent des financements pour mes scénarios - mais aujourd'hui, je réfléchis à une « méthode » qui puisse rendre cela plus ludique et plus joyeux. Je ne veux pas que l'ambiance générale, malsaine et trop assujettie, entame l'élan premier qui m'a animé. Je veux préserver mon jardin...
J'ai reçu quelques prix pour ce que je fais, cela m'a fait plaisir : cela voulait dire que ce j'ai donné de moi-même valait quelque chose mais aussi, il suffit de sortir du cercle des « initiés » de Tunis pour savoir que tout effort d'art et de pensée vaut toujours quelque chose, il m'est arrivé de vivre des moments gracieux de cet ordre...
Comment utilisez-vous le net et les réseaux sociaux dans votre travail en général et dans le lancement du documentaire "L'art du mezoued" en particulier ?
Internet est d'abord une bibliothèque pour moi, livres, articles, bibliographies ensuite une fenêtre sur le monde qui me permet d'accéder à des vidéos, de la musique, à échanger des messages avec mes amis et aussi à faire connaître mon travail. Pour mon dernier documentaire L'Art du Mezoued, internet me sert de média pour lancer l'évènement de l'avant-première et inviter mes amis de Facebook, il m'a servi aussi à entrer en contact avec un parolier du Mezoued, Majdi Abbès, qui m'a présenté pas mal de Mezewdia.
C'est la première fois que je m'occupe de la communication sur mon film avec l'aide de la Fédération Tunisienne des Cinés Clubs, c'est que L'Art du Mezoued est un film totalement indépendant, dont l'existence tient encore à ma conviction personnelle et le soutien indéfectible de quelques amis ...
J'allais oublier, pourtant c'est important : internet c'est aussi la blogosphère, j'ai un blog depuis plus de 2ans, j'y écris essentiellement des articles disons académiques sur le cinéma, la peinture, la littérature et le théâtre en Tunisie, une sorte de banque de données et de réflexions que je mets à la disposition notamment des chercheurs, des étudiants et des amateurs d'art. Les écrits des autres blogueurs, que je consulte assez souvent, m'apportent des informations, et des pensées rafraichissantes et souvent originales.
Le chopitos, kezako ? :)
Un blog que je viens tout juste de découvrir et qui me confirme que le meilleur est souvent sur le Net. C'est frais, pas pompeux et ça donne envie de s'exprimer d'une manière intime et en confiance :p