Dans à peine plus d’un mois se tiendra du 7 au 18 décembre 2009, à Copenhague, la Conférence mondiale sur le climat qui réunira près de 200 pays qui auront la difficile tâche de se mettre d’accord sur les nouvelles mesures à adopter pour lutter contre le réchauffement climatique, et ainsi signer « un accord équitable, global et scientifiquement rigoureux sur le climat pour la période de l’après 2012 », prenant ainsi le relais du traité de Kyoto qui arrivera à expiration fin 2012 !
Une consultation citoyenne en amont de Copenhague1
Si la Conférence de Copenhague est avant tout l’apanage des grands de ce monde qui seuls parviendront ou non à se mettre d’accord sur l’avenir de la planète, les citoyens-consommateurs se sentent concernés par ce rendez-vous dont ils attendent beaucoup. A l’initiative du pays hôte de ce sommet international, une grande consultation citoyenne a été organisée, dans plus de 40 pays, le 26 septembre dernier. Il s’agissait avant tout de proposer à une centaine de participants par pays de répondre à un questionnaire commun dans le but de transmettre leur perception de cet enjeu climatique aux décideurs en décembre prochain. Au final, plus de 4 000 citoyens de 38 pays développés ou en développement, interrogés simultanément ont participé à cette enquête , dont la mise à disposition des résultats par pays mériterait une analyse détaillée conséquente2. A la question « maintenant que vous avez pris connaissance des diverses évaluations sur les changements climatiques, quel est le niveau de vos préoccupations à leur sujet ? », plus de six personnes interrogées dans le monde sur dix se déclarent « très préoccupées » (62%) proportion qui passe à 47% en France et 43% en Europe, dénotant ainsi une préoccupation moindre des habitants du « Vieux Continent », encore assez épargnés par les catastrophes climatiques comparativement à d’autres. Une majorité relative des répondants français (49%) se déclare ainsi « moyennement préoccupée » (contre 28% en moyenne). Si sur cet indicateur, les perceptions varient fortement, en revanche, les attentes à l’égard d’une issue encourageante du sommet de Copenhague sont quasi-unanimes et homogènes : 91% des interviewés considèrent en effet qu’arriver à un accord global sur le climat est urgent et qu’il faudrait que cet accord soit signé à l’issue de cette conférence (95% en France, 93% en Europe).
Des enjeux politiques … à la pratique quotidienne d’une consommation responsable
Le sommet « Planète Terre » qui s’est tenu en 1972 à Stockholm a été l’occasion pour l’ONU d’évoquer pour la première fois la question du climat en tant que problématique à part entière. C’est lors de cette conférence que la notion « d’écodéveloppement » a été abordée et qu’il a été énoncé que « l’homme a le devoir solennel de protéger et d’améliorer l’environnement pour les générations présentes et futures ». Pour la première fois, l’homme, le citoyen, le consommateur ont donc directement été associés à la protection de l’environnement et à la préservation des ressources via leur manière de se comporter, leur manière de penser ou encore leur manière de consommer !
La question du « mieux consommer » est donc posée. La grande enquête annuelle Ethicity « Les Français et la consommation durable, quels changements pour 2009 ? » réalisée par TNS media intelligence en partenariat avec l’ADEME en février-mars 2009 s’intéresse en profondeur au sujet. La dimension barométrique de ce dispositif permet de mesurer l’évolution des perceptions sur une question aussi simple que « pour vous, consommer responsable c’est consommer mieux ou consommer moins ?». Si depuis 2006 l’idée de consommer moins est majoritairement associée au concept de consommation responsable , elle devient de plus en plus présente dans l’esprit des Français (56% d’adhésion en 2006 contre 79% en 2009 soit une progression de 23 points en 3 ans), à l’image de ces nouveaux adeptes de plus en plus nombreux de la décroissance, qui défendent une moindre consommation et militent pour une restriction volontaire des achats. Ils préfèrent notamment récupérer et recycler plutôt qu’acheter ! En revanche l’idée de consommer mieux passe de 41% de citations en 2006 à 22% en 2009 !
Parfois extrémistes s’agissant de ces défenseurs de la décroissance, il n’en demeure pas moins que cette prise de conscience du « consommer moins » s’accompagne de nouveaux comportements s’articulant autour d’un « consommer autrement » à l’image du développement d’initiatives telles que les AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) qui associent consommateurs et producteurs court-circuitant ainsi les intermédiaires, ou encore du développement des Systèmes d’Echanges Locaux (SEL) et des Réseaux d’Echanges Réciproques des Savoirs (REPS) fonctionnant sur la base d’échanges de biens, de services ou de savoir-faire entre particuliers sans aucune transaction monétaire traditionnelle. La multiplication des sites Internet d’échange, des recycleries, des jardins familiaux s’inscrivent également dans cette démarche du « consommer autrement».
Pour autant, si ces initiatives se multiplient, elles restent marginales et les comportements relevant de la consommation durable et responsable peinent toujours à devenir des automatismes. Ainsi, à titre d’exemple, on notera que seules 29% des femmes se déclarent prêtes à échanger un produit de mode où un vêtement contre un autre, proportion qui passe à 40% s’agissant des produits culturels et seulement 25% de la population louerait des outils de bricolage ou de jardinage. Selon un récent sondage LH2 , plus de six Français sur dix (61%) avouaient avoir du mal à savoir si, ce qu’ils peuvent faire à leur niveau, a un réel effet sur la situation de la planète.
Si l’action est parfois difficile, et les résultats de cette action peu perceptibles, le réchauffement climatique constitue un sujet qui préoccupe une majorité de Français (57%, +12 points en 3 ans) pour l’avenir. L’espoir d’un accord ratifié par tous les Etats à Copenhague est donc fort dans l’opinion, à l’image des 285 000 personnes qui ont d’ores et déjà signé l’appel du collectif l’ultimatum climatique3 réunissant plusieurs grandes ONG, exprimant leur volonté de voir « les dirigeants du monde entier parvenir à surmonter leurs divergences d’intérêts de court terme pour se rassembler autour d’un projet politique mondial fondé sur un constat scientifique objectif et ainsi donner une suite au protocole de Kyoto qui soit à la hauteur des enjeux que nous allons devoir tous ensemble affronter dans les décennies à venir. »