"Désormais, c'est le moment de restaurer la pérennité budgétaire. La détérioration budgétaire que nous vivons est sans précédent. Selon les calculs de la BCE, le montant des capitaux publics mobilisés pour la sauvegarde du système financier est proche de 27 % du Produit intérieur brut de part et d'autre de l'Atlantique. C’est gigantesque. (…) Avec du recul, nous voyons combien le message simplifié à outrance envoyé à toutes les économies développées, sous le slogan : "relancez, stimulez, dépensez !", était malencontreux. Maintenant, il est temps pour tout le monde de serrer la vis", a déclaré Jean-Claude Trichet, le président de la BCE dans une tribune publiée dans le Financial Times le vendredi 23 juillet.
À travers sa chronique, Jean-Claude Trichet prend le contre-pied des Etats-Unis qui s'inquiètent d'un retrait trop rapide des mesures de relance. Ainsi, Ben Bernanke, le président de la réserve fédérale des Etats-Unis avait déclaré le 20 juillet devant le congrès américain : "À court terme, je pense que nous devrions maintenir un degré raisonnable de soutien budgétaire, stimulant pour l'économie."
Un désaccord sur le timing, pas sur le fonds
À première vue, opposition frontale entre deux banquiers centraux. L’un (Trichet) pense que l’économie est déjà remise, l’autre (Bernanke) estime que la situation est encore trop instable pour que les Etats arrêtent de soutenir l’activité.
Pour autant, les deux sont d’accord sur un point. Les déficits et les dettes ne sont pas tenables sur le long terme. Mais l'un (Trichet) pense qu'il faut agir tout de suite sinon la reprise sera morte née, l'autre (Bernanke) estime que l'on peut encore attendre. En même temps, les chiffres ne leur laissent pas trop le choix. Entre 2007 et 2011, la dette publique de la zone euro aura gonflé de plus de 20 points, celle des Etats-Unis de 35 points et celle du Japon de 45 points.