Estampillé du fier label Disney, ce long-métrage d’anticipation nous conviait à visiter l’envers du décor de nos chers ordinateurs. Au cœur même des machines, les programmes - en tout genre - sont en fait des individus comme vous et moi : ils sont capables d’éprouver et d’exprimer des sentiments ; de ressentir la douleur ;… Certains obéissent et se soumettent à la volonté de leur concepteur et programmeur ; d’autres, au contraire, ont opté pour l’émancipation et tentent d’imposer un nouveau dictat pixélisé.
Le tableau étant brossé, on perçoit déjà nettement mieux l’univers manichéen posé par le "Tron" du cinéaste Steven Lisberger : deux clans vont s’affronter avec, d’un côté, les "gentils" programmes - dont fait notamment parti le dénommé Tron - et un pauvre concepteur, Kevin Flynn (Jeff Bridges), envoyé contre son gré dans le système &, de l’autre, une mémoire centrale autonome commandant une armée de sbires asservis à sa volonté et à son rêve de surpuissance. La majeure partie de cette opposition va s’exercer par la tenue de jeux parmi lesquels nous trouvons des courses de motos, des échanges futuristes de pelote basque & Cie.
Dans le registre assez figé de bons petits techniciens modèles en manque de sensations fortes, les acteurs Bruce Boxleitner et Cindy Morgan tranchent radicalement, par leur performance respective, avec le jeu d’un très entreprenant Jeff Bridges connu, à l’époque, pour avoir déjà joué dans de nombreux films dont le "King Kong" de John Guillermin - aux côtés de Jessica Lange -. C’est dire que notre "Big Lebowski" ne trouve aucun mal à voler la vedette au personnage titre, Tron (campé par Bruce Boxleitner), en usant notamment d’une nonchalance juvénile et d’une décontraction amusée qui méritent, à elles seules, le visionnage de ce film...
Ce dernier a certes pris un (méchant ?) coup de vieux mais il continue, encore aujourd’hui, à forcer le respect ne serait-ce que pour l’audacieuse "mise en forme" qui fut privilégiée en 1982 ! Cette appétissante audace ne se retrouve pas malheureusement dans le scénario conçut par Lisberger. La trame de "Tron" est aussi fine qu’une feuille de papier alu’ et elle ne permet que de trop rares envolées d’excitation. Et oui ! On s’ennuie quand même un peu (beaucoup !) durant ce spectacle & on n’est en droit de douter des finalités de ce "produit" misant quasiment tout sur le contenant en négligeant le contenu (scénaristique)…
En somme, "Tron" nous rappelle un vieux pêché qui sévit, depuis des décennies, dans la sphère des spectacles se targuant de proposer un attractif environnement visuel ; comprenez, quand les péripéties pyrotechniques et les explosions minutées valent mieux qu’un bon scénario ! Vous en êtes vraiment sûr ?
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