Dernier mercredi asiatique d'un mois qui aura été assez dense en la matière sur ce blog (le plus riche depuis sa création, avec 6 séries évoquées). Nous sommes fin juillet ; et qui dit été, dit nouvelle saison téléphagique au Japon, où les programmes télévisés se succèdent tous les trimestres. Je me suis engagée auprès de vous à être aventureuse, donc, cette semaine, je me suis risquée devant plusieurs pilotes déjà sous-titrés. Bon, pour le moment, je n'ai eu aucun coup de foudre. Si j'ai toujours plus éprouvé une curiosité réservée qu'une réelle passion pour le Japon (ce qui explique sans doute mon penchant moins naturel à explorer toutes ses fictions, ajouté au fait que nous sommes dans un paysage téléphagique que je fréquente moins et donc où il me manque certaines clés), ces derniers mois, je crois cependant avoir cerné mon idéal de séries japonaises : ce sont des Gaiji Keisatsu et autre Mother. Sauf que j'ai quand même un peu l'impression, sans vouloir trop m'avancer, qu'elles ne peuplent pas en majorité les grilles de programmes du pays du Soleil Levant. En attendant la perle rare, je vadrouille donc. Je teste. Avec plus ou moins de succès. La démarche est d'autant plus difficile que j'ai beau vouloir me départir de mes réflexes de téléspectatrice occidentale, je dois avouer que certains dramas m'y font revenir instantanément. Franchement, est-ce qu'il est possible de regarder JOKER Yurusarezaru Sosakan sans dresser des parallèles avec Dexter ? Ou de découvrir Toubou Bengoshi sans penser au Fugitif ? Laissez-moi vous assurer que, si vous y parvenez, c'est que vous avez réussi à acquérir une indépendance culturelle que je n'ai manifestement pas. Pour couronner le tout, il y a certaines thématiques très prisées par les dramas japonais qui me laissent vraiment de marbre, notamment leurs rapports particuliers avec leurs professeurs de lycée ; quand on a pris la peine de regarder des Gokusen et autres DragonZakura, faut-il vraiment jeter un oeil sur Hammer Session! ? Bref, notez bien que je fais des efforts, mais que le résultat n'est pas toujours à leur hauteur. Et si, aujourd'hui, je vais vous parler de Toubou Bengoshi, c'est en bonne partie dû au fait que j'ai toujours éprouvé une irrésistible attirance pour toute histoire de fugitif... Le fait que cela se passe au Japon est finalement l'occasion de renouveler le cadre géographique d'un thème pour lequel je signe toujours des deux mains.
Toubou Bengoshi est donc un drama estival. Plus précisément, il s'agit d'une série diffusée sur Fuji TV, depuis le 6 juillet 2010. Comme son sous-titre anglais l'indique aux anglophones, "The Fugitive Lawyer", elle se propose de nous faire suivre la descente aux enfers d'un jeune avocat de Tokyo, Narita Makoto. Son patron, un juriste renommé, fervent protecteur des droits de la défense, est assassiné à son cabinet, tard un soir où il était resté travailler. Narita, venu rendre un dossier embarqué sans le vouloir, est assommé par le meurtrier qui prend la fuite. Or, en plus d'avoir été découvert sur place inanimé, la police met au jour, au cours de son enquête, des listing prouvant que Narita détournait de l'argent. Son patron l'aura découvert ; et il aurait donc tenté de se protéger par ce meurtre maladroit. Se retrouvant accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, dans une affaire où toutes les preuves circonstancielles pointent vers lui, et où la peine encourue est la mort, Narita décide de s'enfuir pour essayer de prouver son innocence et découvrir le véritable coupable.
Il réussit à s'échapper de l'hôpital où il se remettait, avant que la police ne procède à son arrestation. Commence alors une cavale mouvementée, où le fil conducteur va être la quête d'une vérité bien difficile à saisir, avec pour seul point de départ à son enquête, une secrétaire du cabinet qui a fait un faux témoignage à la police, brisant l'alibi du jeune homme pour l'heure du meurtre, et qui a ensuite disparu. En essayant d'élucider ce meurtre, Narita va croiser sur sa route différentes personnes, à l'existence brisée, qui ont, elles-aussi, connu leurs propres "accidents" de la vie. Parce qu'il n'a pas perdu cet idéalisme, rempli d'une certaine candeur, qui le caractérisait, Narita n'oublie pas ses chers textes de lois et délivre, au gré du hasard des rencontres, des consultations et conseils afin d'aider ces démunis rejetés hors du système.
Présenter ainsi, vous devinez que nous sommes face à une série qui se rapproche par bien des aspects d'un formula show. A cela s'ajoute un fil rouge, formant une sorte de "mythologie" constituée par le premier meurtre et un ensemble de mystères, plus ou moins suggérés, qui viennent se greffer autour. Certes, il y a une certaine prévisibilité à suivre les avancées chaotiques, accompagnées de fuites toutes aussi mouvementées, de Narita. Pour autant, toute aussi calibrée qu'elle paraisse aux premiers abords, je dois dire que Toubou Bengoshi a aussi su me surprendre au cours de ses deux premiers épisodes.
Au-delà de ses apparences un peu manichéennes, les premières "affaires" du fugitif Narita se révèleront plus complexes et nuancées qu'attendues. L'ancien avocat ne fait pas de miracles et chaque cas a ses imprévus. Ainsi le premier se conclura d'une façon qui prend presque à contre-pied un téléspectateur qui l'avait déjà inconsciemment classé. Cela ne verse pas forcément dans une réelle originalité, mais les scénaristes démontrent des ressources pas inintéressantes. A voir s'ils sauront se renouveler et comment tout cela évolura.
Parallèlement à ces "affaires du jour", l'enquête sur le meurtre du célèbre avocat progresse lentement (voire quasiment pas au cours des deux premiers épisodes). Lors du second, la police a depuis longtemps cessé de chercher d'autres suspects et, un an après les faits, Narita en est toujours au même point. S'il est devenu plus méfiant et prompt à se dissimuler lorsqu'il croise des forces de police, il recherche toujours l'ancienne secrétaire, s'accrochant au seul élément concret dont il dispose : ce faux témoignage qui a achevé de détruire sa crédibilité auprès des autorités.
Les scénaristes distillent bien quelques indices, dévoilant d'obscures conversations ou attitudes équivoques qui soulèvent des questions chez le téléspectateur, mais tout paraît encore bien trop flou pour oser dresser la moindre conjecture. Si bien que l'on reste, pour le moment, dans l'expectative, au même niveau que Narita, s'interrogeant sans avoir les moyens de commencer à entre-apercevoir ce qui se cache réellement derrière ce meurtre et le piège qui s'est refermé sur lui. Un peu de mystère, voilà de quoi aiguiser notre curiosité ! Si bien que le reste des intrigues se déroulant sans anicroches, au final, Toubou Benhgoshi n'est pas déplaisante à suivre.
Enfin, au casting, on retrouve des figures familières du petit écran japonais. Si je n'avais pas gardé de souvenirs de notre précédente rencontre (qui a dû avoir lieu, d'après sa filmographie, il y a fort longtemps, dans quelques scènes de Gokusen), Kamiji Yusuke (plus récemment vu dans Gyne ou Scrap Teacher) s'en sort plutôt de façon globalement satisfaisante dans son rôle de juriste qui voit toute sa vie bouleversée. A ses côtés, Ishihara Satomi (vue dans Voice l'année dernière et que j'ai dû croiser, du temps de ma première exploration des j-dramas, dans Kimi wa Petto) incarne la fille aînée de l'avocat assassiné. Enfin, Kitamura Kazuki (Bambino!) joue le policier originellement en charge de l'enquête qui aura trouvé en Narita, le coupable aussi parfait qu'idéal.
Bilan : Toubou Bengoshi se suit sans difficulté, ni déplaisir, mais sans non plus marquer le téléspectateur. Elle est proprement calibrée, parfois un peu trop prévisible. Cependant, sans faire dans l'originalité, elle s'offre aussi quelques développements intéressants, notamment dans son quotidien qui la rapprocherait plus d'une déclinaison de formula show, qui se révèlent plus subtiles et nuancés qu'il n'y paraîtrait a priori. Si bien qu'il n'est pas difficile pour un téléspectateur appréciant le concept de départ de se laisser prendre au jeu du mystère ambiant. Investissant un registre particulier au sein de la thématique policière, celui d'un Fugitif, Tobo Bengoshi remplit donc honnêtement son rôle. On regrettera peut-être qu'elle ne fasse pas preuve de plus d'ambition, mais peut-être le drama saura-t-il s'affirmer progressivement.
NOTE : 5,75/10
Quelques images de la série (à la fin du monologue de Kamiji Yusuke) :