Tout à l’entour, La Havane fait la sieste.
À la terrasse du restaurant à toile verte, vers Obispo, Raphael croque des touristes qui mâchent bruyamment. Le trait est vif. Ils oublieront de laisser le peso convertible pour lequel il a posé quelques touches de mauvaise aquarelle sur du papier récupéré.
Je le croque croquant. Il rit, me donne un peso cubain à l’effigie du Che puis appelle son ami endormi sur le banc voisin. Longiligne, les yeux clairs, l’homme s’adosse et regarde Raphael me croquer à son tour.
Rires. Échange de dessins. Pont par dessus la mer. Promesses d’au revoir.
L’enfant brun demande un dessin. Raphael hume ma boite de peinture et laisse l’envie glisser des éclats dans ses yeux. Sur le papier que Raphael lui a donné, l’enfant brun a dessiné la blondeur d’Anne et son dessin naïf efface doucement les graphes du Che qui inondent nos souvenirs.
Hasta la libertad siempre.
Hasta Guevarra, acrylique sur toile, 60x60 cm
Jean-Paul Schmitt