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Carte pénitentiaire : l’aménagement du territoire aux oubliettes

Publié le 28 juillet 2010 par Hmoreigne

 Les temps sont durs pour les ruraux. Après les hôpitaux, les tribunaux et les casernes voilà donc venu le temps des prisons. Rationalisation, sécurité et maintenant vétusté, il y a toujours une bonne raison de fermer un service public. Tout comme l’argent va à l’argent, libéralisme oblige, les restructurations de la puissance publique semblent ne devoir profiter qu’à des zones urbaines denses.

Vingt-trois prisons vétustes vont fermer , “pour la plupart entre 2015 et 2017″, a annoncé, lundi 26 juillet, Michèle Alliot-Marie. Dans le cadre du plan de modernisation du parc pénitentiaire ces fermetures seront compensées par la construction de nouveaux établissements mais pas forcément sur le site condamné.

Vingt-trois, c’est aussi le numéro du département de la Creuse décidément bien malmené par un gouvernement qui donne le sentiment de vouloir régler ses comptes avec des territoires historiquement marqués à gauche. L’abandon des anciennes plaques minéralogiques ne relevait pas du hasard. Il traduit d’une certaine manière la volonté, consciente ou non, de rayer de la carte une certaine France rurale.

A Guéret, l’annonce par la Chancellerie de la fermeture de la maison d’arrêt en 2015 est entourée du plus grand flou. Le quotidien local, La Montagne relève que la capitale Creusoise est le siège d’une cour d’assise et que le code de procédure pénale prévoit une maison d’arrêt au siège de la cour d’assise. Est-ce que pour autant un établissement pénitentiaire sera reconstruit en Creuse, rien n’est moins sûr. L’absence de confirmation du ministère nourrit toutes les craintes.

Interrogé par le quotidien régional , le vice-procureur Georges Borg a souligné que l’annonce suscite plus d’interrogations que de réponses car si malgré tout, aucun établissement nouveau n’était construit, “se poserait le problème de la pérennité d’aménagements de peines (semi-liberté ou surveillance électronique en cas de condamnations inférieures à 2 ans) qui impliquent un établissement pas trop éloigné du domicile du condamné.”

Au niveau national, la CGT-Pénitentiaire  notamment a protesté contre ces fermetures qui relève selon elle de “choix arbitraires, unilatéraux, sans aucune concertation avec les organisations syndicales“, et déploré la “taille inhumaine” des nouveaux établissements.

Une critique partagée par l’Observatoire international des prisons (OIP), dont le président avait préconisé dans son rapport d’activité 2009 de favoriser des établissements à taille humaine, comprenant entre 150 et 200 détenus au maximum.

Autre signe de l’incohérence du gouvernement, le ministère de la justice a indiqué que trois établissements existants (Clairvaux, Poissy, Bar-le-Duc), pourraient être remis aux normes, à la condition d’un “investissement fort” des collectivités territoriales. Accusées d’être trop dépensières voilà donc les collectivités “invitées” dans un chantage odieux à mettre la main à la poche pour financer des missions on ne peut plus régaliennes.

Enfin, contrairement au cas de la nouvelle carte militaire qui avait été accompagné de la délocalisation d’administrations de Paris vers la province (ONF, INRAP, SETRA) aucune mesure compensatoire ne semble prévue. Il est vrai que celles-ci étaient avant tout très symboliques puisqu’elles ne concernaient que 3 665 agents de l’Etat.

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