Tentative inédite pour cette
anthologie d’été. Poezibao se propose
de suivre pendant quelque temps, pour le choix des textes, le fil d’une lecture
en cours, celle du livre de Jean-Claude Mathieu, Écrire, inscrire, sous titre ″Images d’inscriptions, mirages
d’écriture″ (éditions José Corti 2010). Jean-Claude Mathieu, sur la trace des
« inscriptions » cite d’innombrables poètes. Poezibao reprendra certaines de ces citations et tentera de les
compléter, chaque fois que possible, par un autre texte du même auteur.
•La citation d’ Écrire Inscrire
Encrier renversé
tous
mes morts vont flairer
ce sang noir
O caverne d’os au creux de mes
deux mains
dégorge cette foule qui se lève en
silence et
piétine ma pensée
ils
vivent ils vivent ils
jaillissent de l’âcre odeur
Mais ma lampe saura les dévorer et
tous ceux
qui triompheront de sa lumière je
dessine ici
le lacs magique de leur capture
pour toujours.
Gustave Roud (cité in Jean-Claude Mathieu, Écrire,
Inscrire, José Corti, 2010, p. 113), Feuillets,
Écrits 1, Bibliothèques des arts, 1978, p. 27
Deux autres textes de Gustave Roud, quelques pages après celui cité par J.-C. Mathieu :
L’exubérance, fleurs, feuillages,
du milieu de juin n’est rien comparée à la puissante maturité qui saisit cette
terre plus belle qu’aucun ciel. A la fin de juillet le ciel auparavant comme
une lisse toile bleue se creuse soudain, gouffre sans un frisson où baignent
les feuillages verts et noirs d’une dureté inexorable ; et lorsque août
arrive, on voit vers le soir la lumière comme un fleuve fuir à l’horizon vers
une mer inconnue et rendre à la voûte abandonnée sa transparence peu à peu
chargée d’étoiles.
La terreur de ne rien retirer du
torrent confus de ma pensée (et pourtant, sans tant d’eau vaine et de sable les
quelques paillettes précieuses ne brilleraient jamais au soleil intérieur le
temps même d’apparaître et de disparaître) s’apaise parfois : je rencontre
un dessin d’idées qui se relie à telle ou telle certitude en moi-même
brièvement perçue. Saurai-je conduire un jour ce flux indiscipliné. Qui m’en prouvera l’importance ? Ou
jusqu’à la fin devrai-je le regarder passer, fièvreux, pêcheur moqué les mains
vides ?
Gustave Roud, Feuillets, Écrits 1,
Bibliothèques des arts, 1978, pp.30 et
50.
Gustave Roud dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait
1, extrait
2, note
de lecture du livre de Gérard Titus-Carmel, Gustave
Roud une solitude dans les saisons
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