Au cinéma:
Pourtant, son réalizateur, Ferzan Ozpetek, est d'origine turque, et n'est italien que d'adoption. Mais quelle adoption réussie ! Il est vrai qu'il a fait toutes ses études à Rome... On connaît peu l'homme, même si ses films précédents tournent autour du thème de l'homosexualité et des valeurs de l'amitié et de l'amour.
Dans « le Premier qui l'a dit » (Mine Vaganti), il condense tout son message sur le sujet : du coming-out du fils de famille dans la bourgeoisie italienne provinciale aux histoires d'amour décortiquées, riches de non-dit, d'émotions contenues et de pieux mensonges. C'est le portrait d'une société d'apparences d'où les sentiments profonds ne sont pourtant pas absents, avec une panoplie de personnages divers et marquants, très travaillés, très écrits et finement interprétés.
Bref, un petit régal. Avec une vrai musique de film. Pas de cette tonitruante logorrhée orchestrale qui décoiffe les spectateurs de « Inception ». Une musique très italienne, écrite sur l'image, qui parle, souligne, s'adapte, lie la situation au spectateur et en dit parfois plus long que le dialogue.
Bref, courez voir « Le Premier qui l'a dit » pendant qu'il en est encore temps. Rire et émotion garantis.
A l'église:
Toujours en Italie, la presse fait ses choux gras des curés homosexuels, qui seraient légion à Rome. Les bonnes langues affirment même qu'ils y seraient majoritaires !Et pourquoi la presse italienne plus que les autres ? Parce que l'église romaine a en son temps très lourdement condamné les frasque sexuelles du signore Berlusconi et de ses amis, et que comme il est aussi patron de presse... il se venge ! Alors, la presse italienne nous fait découvrir un site épatant : Vénérabilis. un site de rencontres réservé aux gays ecclésiastiques et à leurs amis.
Si vous rêviez d'ôter une chasuble frivole d'un geste coquin, « venerabilis » réalise votre rêve ! Le site existe en cinq langues, dont une version française à cliquer dans le menu sous la photo de la place Saint Pierre! Une fenêtre d'avertissement polyglotte s'ouvre : cliquez « OK » et vous voilà dans l'antichambre du paradis.
Le site est hébergé au « tk ». Il s'agit de l'ile de Tokelau, une petite ile quelque part dans le Pacifique entre Tonga et Tuvalu, île paradisiaque non seulement pour ses cocotiers au bord de la plage, mais parce que l'usage des suffixes internet y est gratuit. Avis à la population si vous avez un site à héberger. On y trouve des annonces délicieuses pour les amateurs de robes et dentelles masculines. Mais aussi le drame de tous ceux qui veulent à tout prix rentrer par la fenêtre d'une l'église d'où on les a virés par la grande porte, de ceux qui n'ont pas compris qu'un bon ami dans ses bras valait mieux qu'une promesse de paradis...
Aveuglement aussi de ceux qui n'ont pas compris que la vision religieuse de la sexualité se limitait à un schéma productiviste qui bannissait le plaisir et l'équilibre affectif qui va avec, et n'autorisait qu'on ne détourne de l'énergie du travail en s'adonnant à l'orgasme qu'à condition de rembourser le système en lui donnant en retour un petit travailleur ou un petit soldat.
Faut-il s'en offusquer ? Quelque part oui, dans la mesure où le clergé multiplie les communications homophobes, et condamne dans la vitrine ce qu'il pratique dans l'arrière boutique... Et comment vérifier la qualité des prêtres et des jeunes clercs qui s'offrent ainsi sur l'autel du plaisir ?
En allant y voir, mon ami. Qui vous retient ?