Il y a tant de mystère et de projection dans cette appellation qui semble nous parler d'évasion, d'aventures réelles ou imaginées. Tant de déni et de rejet également Mais de quel voyage et de quels gens s'agit il en vérité? Quels encombrants baggages portent-ils sur leurs épaules , ces "gens qui voyagent" et qui apparaissent régulièrement sous les feux de la rampe, dans une mise en lumière dont ils deviennent des acteurs malgré eux?
Le déferlement de violence qui s'est produit à Saint -Aignan après la mort d'un jeune homme , a, au-delà des circonstances de cette mort, réactivé le phénomène de stigmatisation. Stigmatisation qui repose en grande partie sur des fantasmes, des "légendes plus ou moins urbaines" et cette croyance récurrente que la communauté des gens du voyage est constituée d'étrangers, sans foi ni loi, chassés de leur pays originel. Seulement, seulement, cette croyance est en grande partie erronée. Et quand bien même...
La très grande majorité de ceux qui vivent près de nous, beaucoup trop près pour certains, sont français , incontestablement français. Plus incontestablement que moi, qui doit désormais produire un certificat de nationalité française, bien que née en France, parce que mes parents étaient tous deux étrangers à ma naissance. Étrangers et stigmatisés par cette non citoyenneté française, au point d'avoir été jetés dans des camps de concentration pour cela, ce crime-là.
C'est pourquoi je ne peux décidément pas demeurer
indifférente à ce qui s'est passé à Saint-Aignan et au débat de société qui en a découlé..Sans faire d'amalgame. Juste en rappelant à la vigilance les deux parties impliquées dans ce drame.
Notre société est en crise et certains n'ont apparemment pas tiré les enseignements de l'Histoire récente. Il n'est jamais sain d'agiter le chiffon rouge du racisme et du rejet de l'autre.
Jamais.