Est-ce que la télévision fait de la propagande ?… Jamais ! répliqueront les annonceurs en menaçant de me casser les genoux. Mais moi, j’ai le courage de dire : parfois, ça dépend et ça peut arriver (on est comme ça nous, les héros : téméraires avant tout). Et j’illustre aujourd’hui cette audacieuse théorie avec une série qui porte un nom de film pornographique et qu’on ne peut effectivement bien comprendre que si l’on avait plus de dix-huit ans lors de la chute du mur.
En 1958, un Russe qui parlait anglais, on appelait ça un espion. Mais pour le traiter d’espion, il fallait d’abord savoir qu’il était Russe, ce qui était difficile, puisque ce Russe là parlait anglais. Vous voyez bien qu’on risquait la confusion qui facilite les invasions bolcheviques. Pour resserrer les mailles du rideau de fer et mettre des bâtons dans les rouges, il fallait inculquer à la population quelques principes de base, comme le fait que non, la grosse antenne sur le toit du voisin n’est pas une décoration de noël ou que si une camionnette de fleuriste se gare dans votre rue, c’est que le FBI a bien reçu vos appels de délation. J’exagère à peine car chaque épisode est conclu par l’intervention de l’Amiral Zacharias qui était un des chefs du renseignement militaire américain durant la guerre froide. Ce sont d’ailleurs les mémoires de cet officier qui servent d’inspiration aux scripts. Et pour bien encadrer le téléspectateur qu’on est en train de former au contre-espionnage, un autre militaire (le Commander Matson), celui-ci fictif et interprété par Bruce Gordon se fend également d’une introduction au début de chaque épisode. Et ça envoie grave du pâté, comme on disait quand j’étais jeune… Ça espionne à tous les coins de rues, ça sabote à tout va, ça recrute partout où on ne s’y attend pas, ça incite des troubles et des manifestations, ça tente d’assassiner, ça kidnappe, ça complote pour renverser un régime ami. C’est certainement le programme le plus paranoïaque jamais produit dans une démocratie.
Mis à part ce Commander Matson, il n’y a pas d’autres personnages récurrents, les histoires se déroulant au quatre coins du pays et même de la planète, avec des situations et des protagonistes différents. Même si ce n’est pas une cavalcade de grandes stars, il y a tout de même une belle ribambelles d’acteurs invités pour jouer des rouges ou des bleus en noir et blanc. Au cours des trente épisodes produits, Jacques Aubuchon, Denver Pyle (le tonton Jesse des Dukes), James Best, Richard Webb (de « Captain Midnight » et « Border Patrol »), William Bishop (« It’s a Great Life »), Werner Klemperer, Robert Carricart (il jouait Lucky Luciano dans « The Untouchables ») ou Paul Picerni (qui lui était un des hommes de Ness dans la même) viennent aider la C.I.A. à mettre du plomb dans les crânes
Cette série dont les épisodes semblent avoir disparu ne doit pas être confondu avec la mini série de 1977 intitulée « Washington: Behind Closed Doors » et tout un tas d’autres programmes éponymes.
J.B.