Dans les années 90, j’ai été l’amant et le confident d’une grande vedette de la chanson dont je possède plusieurs photos explicites et dont je vous révèlerai le nom à la fin de cette chronique. Voilà ! Maintenant que j’ai capté votre attention, je peux vous parler de cette série qui a sombré après dix-neuf épisodes seulement et dont vous ne voudriez rien savoir si ce n’était ma promesse de satisfaire bientôt vos instincts les plus vils.
Bon, ok, autant pour moi, vous êtes tous allés directement à la fin de la chronique et je reste seul comme un con. Belle leçon. Parce que dans cette série, le personnage d’Andy Richter aussi est seul. Rond, timide, pas très à l’aise en société, Andy Richter est interprété par Andy Richter. Et comme ce n’est pas non plus son propre rôle, la confusion a vite fait de s’emparer du téléspectateur. Ce qui tombe bien car Andy aussi est confus. Il voudrait écrire des romans, mais pour l’instant, il rédige des manuels d’utilisation pour une grosse industrie sous les ordres de Jessica (Paget Brewster de « Huff » et « Criminal Minds »). Il est tout timide, tout pataud, tout maladroit, tout coincé et, comme Malcolm, il nous commente l’action en voix-off ou même parfois directement à la caméra.
Aussi, comme dans « Scrubs » qui a débuté quelques mois auparavant, le héros de cette série nous laisse voir ses fantasmes dans des séquences inserts oniriques ou flash-back qui lèvent chaque fois un nouveau coin de voile sur sa personnalité tordue et torturée.
Dans l’extrait ci-dessus, vous aurez remarqué des visages rencontrés dans la récente (et bien inspirée) série « Better Off Ted ». Ce n’est pas une coïncidence : les deux programmes ont le même créateur, Victor Fresco. Certains ont même la témérité d’affirmer que « Better Of Ted » serait un recyclage du concept de « Andy Richter C.T.U. », ce qui est à la fois méchant et pas justifié, car Fresco n’est pas un opportuniste. Il récupère certes quelques traits de caractère, mais il est réellement attaché à ce style d’écriture « déstructurée » qu’il a encore exploré dans « The Trouble with Normal » (une autre de ses créations) ou le délicieux et récent « My Name Is Earl » (sur lequel il fut consultant et scénariste). Du coup, il y a effectivement beaucoup de ceux qui jouent dans « Andy Richter C.T.U. » qu’on connaît bien pour les avoir vu récemment ou parce qu’ils sont en ce moment sur l’écran. Ce sont Jonathan Slavin (« Better Off Ted »), Charlie Finn (« Help Me Help You ») ou Sean Gunn (« Gilmore Girls »).
Les séries qui ne marchent pas ou ne durent pas (ce ne sont pas forcément les mêmes) ne sont pas pour autant inutiles. Ça fait toujours du taff pour des gens qu’on ne veut pas perdre comme par exemple ici : le réalisateur et producteur Andy Ackerman (« Cheers », « Seinfeld », « Becker », « The New Adventures of Old Christine” »…), John Fortenberry qui s’est aguerri à la réalisation sur le « Ben Stiller Show », Jim Bernstein qui a produit dernièrement sur « American Dad! », Jennifer Celotta (scénariste et productrice sur « The Office ») ou Michael Shipley (« Off Centre », « My Name Is Earl »). Et puis, vous savez bien qu’à la télévision rien ne se perd. Ce style de comédie qui met le traitement avant les dialogues, bouscule les constructions classiques (en antédiluvienne) et laisse une belle part à l’intelligence du téléspectateur est aujourd’hui très en vogue, presque en passe de devenir majoritaire.
« Andy Richter Controls the Universe », c’est bien drôle et bien fait, c’est inspiré et adulte, c’est parfait pour cet été si vous l’avez raté ou oublié. Et demain je vous raconterai comment j’ai couvert les frasques d’une personnalité dont je vous nommerai toutes les maîtresses.
J.B.