Quand aider nuit aussi

Publié le 27 juillet 2010 par Dodo44

Quoi? Quand on aide, on peut nuire? Vraiment, ma Dodo, t’exagères. Pas tant que ça, ma chère! C’est ce qu’on m’enseigna, il y a vingt ans, dans un cours de psychothérapie. Un thérapeute compétent sait qu’en aidant, il nuit également.

Dans sa largesse, la vie m’offrit des expériences pour en saisir toute la sagesse.

J’avais décidé de prendre une nièce sous mon aile. En froid avec sa mère, elle se tourna vers moi. Ayant terminé ses études et vivant en appartement avec une amie, elle faisait de petits contrats à la pige.

Sa situation empira. Chaque mois, je lui avançais l’argent pour assurer sa survie. J’étais sa mère temporaire, sa confidente. Comme je me sentais importante!

Le temps passa. Nos rencontres s’estompèrent. Et ses appels se limitèrent à des questions monétaires. Aurais-tu un peu d’argent à me prêter? Pas très gai…

À l’été, je suivis une formation à Montréal. Le dernier soir, nous pouvions avoir des invités. Je l’appelai, sûre qu’elle voudrait m’accompagner. Eh bien, devinez!

Elle accueillit ma proposition avec hésitation. J’insistai. Avec vigueur, je dois l’avouer. Elle finit par accepter. Mon youppi était hélas prématuré. La veille du départ, elle m’appela pour se désister.

Sa raison? L’institut de formation était une secte et elle refusait de mettre sa vie en danger. Pardon? Elle dut répéter, tellement cela me semblait insensé. Moi qui en prenais soin comme ma fille, je mettrais sa vie en péril? Non mais, j’hallucine!

Bang! Elle venait de péter la balloune de la bonne samaritante. Je criais. Je pleurais. Tout y passa. Une année à l’écouter, la consoler, l’appuyer, la financer. Une année à m’inquiéter pour son sort. Et elle m’accusait de lui faire du tort.

Les larmes soulagent les tensions pour favoriser les révélations.

Mon esprit devint limpide. Je la remerciai pour sa franchise. Et l’informai que le cordon de la bourse était rompu. Elle pourrait dorénavant consulter sa mère pour toute question pécuniaire. Elle raccrocha sur un au revoir poli.

Deux mois plus tard, elle trouvait son emploi de rêve. Elle me rencontra pour célébrer. Et me dire merci. Par cette crise, elle comprit que la dépendance la gardait dans l’enfance. Où les besoins sont comblés par les parents. Avec qui elle a une relation d’adultes maintenant.

Mon soutien l’avait empêchée d’assumer ses responsabilités côté finances, carrière… et avec sa mère. Nos yeux s’emplirent d’amour l’une pour l’autre. Devant moi rayonnait une belle jeune femme désormais.

Et je sus qu’en nuisant, je peux aider tout autant.

♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥

Vous aimez? Merci de partager. Encore? Cliquez sur l’onglet NOS BOGS.


Filed under: Le bog des contraires