Après Chirac, Chondre en prison

Publié le 18 décembre 2007 par Chondre

Je ne fais hélas pas partie de ces chanceux qui ont eu le flair de faire leurs achats de Noël sur les sites marchands en ligne. C’est donc un Chondre résigné et accessoirement de très mauvais poil qui a fait une timide tentative samedi dernier en plein centre de Paris. Le consommateur malin évitera une séance de palpé roulé dans les transports en commun et préférera emprunter un Vélib. Si la bicyclette est effectivement bonne pour le cul et la planète, il est difficile de s’en débarrasser car des dizaines de petits futés ont eu la même idée et penser trouver une borne Vélib libre à proximité des grands magasins est difficilement envisageable.

La première étape fut le passage par la case agitateur culturel. Après avoir erré dans différents rayons tel un zombie baveur et choisi de m’offrir quelques disques et un livre de cuisine, un vendeur s’est approché de moi et m’a discrètement annoncé que “mon petit jeu avait été repéré par l’équipe surveillance. Je risquais donc de me faire coincer à la sortie, la main dans le sac”. Mon petit jeu? Quel petit jeu? Dans ce cas bien précis, on se sent tout d’abord gêné, puis vexé de passer pour un voleur, puis traqué. On tente de repérer désespérément les caméras de surveillance et de comprendre pourquoi une bande de crétin vous suspecte de vouloir chourer des disques. Alors que je n’avais plus envie d’acheter ces fichus CDs, je me suis dit in petto que les reposer me rendrait automatiquement coupable. Je me suis donc résigné à rejoindre docilement les caisses du magasin. Il fallait compter une bonne demi-heure avant d’avoir la joie de régler ses achats.

Loi de Murphy oblige, on choisit toujours la mauvaise caisse, monopolisée par une cliente qui demande à payer en quinze fois, puis en dix fois, puis en trois fois sans frais pour s’apercevoir finalement qu’elle avait oublié sa carte chez elle. On est aussi tributaire du réseau informatique, fragile en fin d’année car surchargé. Suite à un bug généralisé, on annonce qu’il n’est plus possible de payer en carte bancaire et que seuls le liquide et les chèques sont acceptés. Pratique. Curieuse coïncidence, l’alarme a sonné lorsque je suis sorti et je me suis quasiment retrouvé à poil, évitant de peu le touché rectal, des fois que j’aurais eu la bonne idée d’y cacher la dernière édition du Quid.

Aux galeries Lafayette, même ambiance électrique. Ma mission était de trouver un ours en peluche. Les rayons dégueulaient d’enfants braillards hors de contrôle. Les parents étaient dépassés, la bousculade était généralisée et les annonces de recherche d’enfant(s) perdu(s) se succédaient au micro. Beaucoup de visiteurs n’avaient qu’une seule envie : gripper sur un présentoir et crier que le père Noël n’était que foutaise. Cependant, même si l’environnement était stressant, la plupart des acheteurs de dernière minute était attendrie et retombait en enfance, perdue au beau milieu d’une forêt de sapins morts enrobés de mousse toxique multicolore. La queue était comparable à un tænia géant. Snooze et moi-même résistons difficilement à jouer à jouer au jeu du « refais-la-décoration-du-magasin pour faire-hurler-la-vendeuse » lorsque nous patientons avant de régler nos achats. Etant coincé entre le rayon peluche et le rayon petite enfance, il suffisait donc de coupler les deux pour proposer une composition fort originale, composition éphémère suite au cri poussé par une maman, choquée qu’un monstre vert en peluche puisse être présenté se grattant les couilles en mâchant un innocent petit bébé.

L’année dernière, nous avions repensé de façon fort peu catholique l’organisation de la crèche d’un autre grand magasin.

C’est fou ce qu’il est possible de faire avec un âne, trois moutons, un bœuf et deux bergers.