Ce qui parait désuet de nos jours était ŕ une autre époque, pour ma famille, le summum de l'ascension sociale, remplacer le vélo par un solex...
Imaginez !
Des pédales juste pour démarrer l'engin et ensuite, vogue la vie, plus de bus ni de vélo rouillé pour la mčre, surtout qu'elle ramenait tous les jours son petit sac de charbon glané sur le ballast de chemin de fer qui passait sur le site de l'usine ou elle travaillait comme blanchisseuse, les wagons, chargés du précieux combustible, en laissaient tomber toujours un peu, ou alors la mčre récoltait simplement la poussičre de charbon qu'elle mélangeait avec du papier journal humide et en faisait des boulettes qui une fois dans le poęle ŕ bois, nous permettaient de passer une nuit au chaud.
Dans les années cinquante, femme fragile et forte a la fois, j'ai vu la vieille se débiter ŕ coup de masse et coin de métal des traverses de chemin de fer imprégnées de créosote qui les protégeaient, tout ça pour que l'on n'aie pas froid.
Avec notre insouciance de gamins turbulents, le vieux solex nous servait de jouet le samedi et le dimanche, évidement quand la mčre avait le dos tourné et le lundi pour aller travailler, hé bien elle devait pédaler faute d'essence, avec le recul on regrette tous, bien sűr, ces petits gestes insouciants qui rajoutaient ŕ une journée déjŕ épuisante, un tour de Toulouse glorieux mais sans fleurs n'y personne a l'arrivée !