En 2000, Tony Allen, alors accompagné de ses musiciens et de son producteur Doctor L, est en tournée à travers le nord des Etats-Unis pour y promouvoir la sortie de son très bon album "Black Voices" sorti quelques mois plus tôt. Le bus chargé de transporter tout ce beau monde de ville en ville se révèle alors être pour eux le lieu idéal dans lequel assouvir leurs besoins naturels de faire parler le son et l'esprit. Ils y organise régulièrement des séances de musique improvisées, séances judicieusement sauvegardées dans un ordinateur portable, canevas prometteur et trâme substantielle d'un album en gestation et prêt à éclore. De la même manière, les nombreuses chambres d'hôtels jalonnant leur parcours sont également réquisitionnées, et temporairement transformées en studios d'enregistrements. Une fois la musique et les idées bien en place dans les têtes et sur le disque dur, Doctor L se charge de dénicher (aux Etats-Unis comme à leur retour en France) de "vrais" studio pour y réaliser les mix et les arrangements. Quelques musiciens supplémentaires sont invités à participer (flûte -oud), et en moins de 4 mois l'album est bouclé.
Mais qu'en est t-il vraiment, et que penser de ce disque qui, au demeurant, semble receler toutes les qualités humaines et artistiques selon moi nécessaires, voire indispensables, pour faire d'une oeuvre originale un outil d'expression singulier et personnel? Si l'histoire est belle, presque philanthropique, et qu'on ne saurait en dire le contraire, que vaut vraiment cet album et qu'apporte t-il de plus à l'édifice musical?
Sans doute faut-il au moins connaitre l'afrobeat et sa construction rythmique ou mélodique pour bien saisir les différences notables entre l'origine de cette musique vieille de 40 ans et ce qu'en fait le groupe 30 ans plus tard avec "Psycho On Da Bus". A l'époque de feu Fela, la batterie tenait une place prépondérante au sein du groupe, et la technique de frappe inventée par Tony Allen participait pleinement de l'inspiration des cuivres, mais également du maître qui dira de lui : "sans Tony Allen, il n'y aurait pas d'Afrobeat". La mélodie principale (ou thème) était reprise par les différents sax, Fela pouvant alors laisser libre cours à ses chorus enflammés ou à ses diatribes politiques bien senties. Cette base batterie/cuivre était l'essence même de cette musique, et reste encore aujourd'hui la principale marque de fabrique de l'afrobeat.
11 titres pour 1 heure entre rêveries et songes psychédéliques, avec en prime le morceau "Push Your Mind" en bonus vidéo. Que demande le peuple!
Myspace Doctor L