Alors que BP annonçait ce matin une perte de 13 milliards d’euros sur les trois derniers mois et le remplacement du PDG Tony Hayward par Robert Dudley , Greenpeace est passé à l’action, coupant l’approvisionnement en pétrole de 46 stations BP dans le centre de Londres, pour exiger de la société qu’elle aille effectivement, comme elle l’affirme dans son slogan, au-delà du pétrole.
Les stations BP fermées pour aller au-delà du pétrole
Ce matin, les militants de Greenpeace ont coupé l’alimentation en pétrole de près de 50 stations BP dans le centre de Londres (voir la carte des stations et le direct de l’action sur Twitter). Sur l’une de ces stations, le logo de l’entreprise a été remplacé par son emblème, une fleur stylisée verte, se couchant dans un océan de pétrole.
Greenpeace s’adresse ainsi au nouveau PDG, Robert Dudley (jusqu’ici chargé des opérations de dépollution), pour qu’il oriente enfin, dans les faits, la stratégie de BP (« Beyond Petroleum ») vers l’après-pétrole.
Rappelons qu’au large de la Louisiane,11 travailleurs ont été tués, 700 millions de litres de pétrole se seraient déversés, 6,5 millions de dispersants hautement toxiques ont été répandus dans l’océan. Le Golfe du Mexique, ses habitants, sa faune et sa flore paient un tribut bien plus lourd que BP à la marée noire. S’il est encore tôt pour mesurer avec exactitude l’ampleur des conséquences, on sait déjà que celles ci auront un impact à long terme, et Greenpeace a dépéché sur place son bâteau, l‘Arctic Sunrise, afin d’effectuer des mesures et analyses précises de l’ampleur de la catastrophe.
Tirer les leçons de l’irresponsabilité des pétroliers
Cela fait plus de trois mois que la plateforme Deepwater Horizon détruit l’environnement, et si la fuite paraît, pour le moment, stoppée grâce à une solution provisoire, le problème n’est toujours pas réglé.
Cette marée noire devrait servir d’avertissement, pour pousser les industriels et les pouvoirs publics à repenser une politique énergétique d’avenir. Or, aucune orientation décisive en matière de production énergétique n’est prise. On parle de renforcer les règles de sécurité sur les plateformes, mais c’est insuffisant : tous les acteurs admettent que le risque zéro n’existe pas.
Les pétroliers, à la poursuite de cette ressource de plus en plus rare, vont chercher l’or noir toujours plus profond, plus cher, et prennent toujours plus de risques pour l’extraire.
Les grandes compagnies du pétrole investissent ainsi massivement dans les sables bitumineux du Canada, s’engagent dans des projets de forages très profonds en mer, par exemple dans le Golfe de Guinée… Elles ont toutes les yeux rivés sur l’Arctique, qui contiendrait 13 % des réserves mondiales de pétrole non exploitées. Les pétroliers se voilent la face, ils iront pomper l’or noir jusqu’à la dernière goutte, sans penser au lendemain.
Une seule solution : sortir du pétrole
Selon les scientifiques et notamment le Potsdam Institute for Climate Impact Research, pour arriver à contenir la hausse des températures en dessous des deux degrés, nous devons utiliser moins d’un quart des réserves fossiles prouvées d’ici à 2050.
Sortir des énergies fossiles et polluantes est une question de vision stratégique de long terme : l’évolution vers les énergies vertes est inévitable. Anticiper cette évolution serait faire preuve d’une réelle vision stratégique. Et il ne s’agit pas uniquement de défendre la cause environnementale et climatique, il est aussi question d’intérêts financiers.
Greenpeace demande l’arrêt immédiat des projets pétroliers non-conventionnels à hauts risques : off-shore profond, sables bitumineux, et forage sous l’Arctique. Les gouvernements doivent eux aussi prendre part à la nécessaire révolution énergétique, en favorisant le développement des énergies vertes, et en arrêtant les subventions à l’extraction des énergies fossiles.
En savoir plus :
Le rapport [R]évolution énergétique
Sur le pétrole non conventionel : les sables bitumineux