«Remercions les progrès de l'optique de nous permettre de contempler, dans un confort visuel parfait, l'insoutenable clarté de notre fin derrière des verres fumés.»
Les lunettes noires sont cet accessoire indispensable pour se préserver d'une époque sans foi ni loi, ô combien inquisitrice et injuste. Paradoxalement, elles permettent à l'auteur de lever le voile sur sa propre histoire...
On retrouve même le Jérôme Leroy, chroniqueur, celui qui sévit chez Causeur avec son style si caractéristique, à la fois lucide, caustique, et désabusé où l'humour n'est jamais bien loin :
«Tu as vu arriver de jeunes profs totalement formatés (...). Plus rien ne les intéressait que la pédagogie. Ils ne lisaient plus, n'allaient plus au cinéma. Ils ne baisaient plus non plus. Des nonnes hyperanxieuses et des moinillons névrosés. Plus aucun recul critique sur l'institution, le système, les élèves. Inutile de dire que la plupart n'étaient pas syndiqués sauf quand il s'agissait d'avoir une mutation, ne se mettaient plus en grève...»
Les lunettes noires servent de fil conducteur aux récits de ce recueil pour le moins original et érudit. Le lecteur parcourt le monde et l'histoire avec des Ray Ban - quelle belle histoire, trop belle pour être vraie, non ? - en compagnie de Bukowski, Audrey Hepburn, Kafka, Robespierre, Lautréamont, d'une égérie moldave et d'autres...
A lire sans modération.