Paris. Festival des Arènes du Jazz.
Dimanche 25 juillet 2010. 21h.
Michel Portal : saxophone soprano, clarinette basse
Louis Sclavis : saxophone soprano, clarinette basse
Jean Paul Céléa : fausse contrebasse
Daniel Humair : batterie
La photographie de Michel Portal est l'oeuvre du Délicat Juan Carlos HERNANDEZ.
Jean Paul Céléa a une fausse contrebasse électrifiée en plastique noir. Beurk ! Le petit garçon photographe d’hier soir est revenu avec son appareil photo. Les rideaux viennent de se fermer chez
la demoiselle. A priori, le prince charmant est arrivé. Deux clarinettes basse. Michel Portal souffle. Louis Sclavis joue des percussions avec ses clefs. Humair déménage tout de suite. Gros son
de la fausse contrebasse électrifiée mais il manque l’aspect boisé d’une vraie. Les clarinettes basse soufflent ensemble. Beau chant/contrechant, grave pour Sclavis, aigu pour Portal. Valsez
baguettes, tournez tambours, sonnez cymbales sous les mains et les pieds de Daniel Humair. Le colosse helvète barbu travaille ses cymbales aux baguettes pendant le solo de fausse contrebasse.
Belle montée du quartet avec les clarinettes synchrones. Humair peint ses tambours avec ses balais. Fin à bloc en citant « Do do l'enfant do » connu chez les Jazzmen sous le prénom de «
Jean Pierre » (Miles Davis).
Portal attaque au sax soprano. C'est aigre, désagréable. Les cordes de la fausse contrebasse s'essuient pendant le concert avec un chiffon doux mais je ne sais pas avec quel produit. Désolé.
Après quelques suraigus agaçants de Portal, la clarinette basse de Sclavis vient mettre du liant dans le jeu. Humair surveille du coin de l'oeil puis laisse aller. La fausse contrebasse n'est
belle ni à voir ni à écouter. Ca ne sonne pas funky comme une guitare basse électrique et ça n'a pas la majesté du son d'une contrebasse. Au tour de Sclavis de faire grogner la clar basse. Qu'a
t-elle donc fait pour être ainsi martyrisée? Retour au thème tout en douceur, clarinette basse et sax soprano. La rythmique vient s'ajouter en profondeur. Beau final énergique.
Démarrage en duo fausse contrebasse/batterie. Daniel Humair est toujours scintillant de beauté. Dommage que Céléa ne nous fasse pas profiter de son talent de contrebassiste. Retour des deux
clarinettes basse. C'est vif, pêchu. Portal fait beaucoup de signes. Il est dedans. Sclavis joue droit alors que Portal se balance, danse presque. En solo aussi, Portal danse. Sclavis le rejoint
avec le sax soprano. Portal introduit un autre thème. Sclavis croyait se remettre à la clarinette basse. Et non, il joue du soprano! Même assis, en écoutant Sclavis, Portal danse. Il revient avec
sa clarinette basse. Thème plutôt dansant, puissant. Ca swingue. Solo de Daniel Humair. Il entame d'abord sur les cymbales puis enchaîne avec les tambours. Ca virevolte. Les baguettes se
transforment en lanières de cuir. Le quartet repart tranquille.
Deux clarinettes basse. Humair fait de beaux roulements aux maillets qui s'arrêtent en même temps que les clarinettes. Echange de plaintes entre les clarinettes.
Humair en solo lâche les chevaux. C'est bon, ça! Portal et Sclavis se mettent au bord de la scène, jouant face à face, clarinette contre clarinette, sans micro. Puis face à nous, tous deux vêtus
de noir (pantalon et chemise). Portal est le plus expressif mais c'est un beau numéro. Derrière, Humair soutient. Les souffleurs reviennent derrière leurs micros puis se déchaînent. Sclavis
grogne en même temps qu'il joue. Le Free Jazz n'est pas mort. Portal, lui, se déchaîne dans son anche. Ils s'amusent avec des bruitages idiots avec ou sans anche, avec ou sans clarinette basse.
C'est un morceau ludique. Joli duo de clarinettes avec des fausses fins. Humair relance le thème.
« Tous les morceaux sont des compositions des membres du groupe. Voici le morceau suivant » annonce Daniel Humair. Michel Portal parle en espagnol, chante même en espagnol Mine de rien,
il lance, en claquant des doigts, un rythme que reprennent la fausse contrebasse et la batterie. Les clarinettes basse reprennent leur danse. Ca tourne bien. Portal repasse au sax soprano. La
musique devient aigüe, aigre, tendue. Au tour de Louis Sclavis de prendre la parole à la clarinette basse. Clarinette et sax pétaradent poussés par la rythmique. Au tour d'Humair de chantonner
derrière sa batterie en accompagnant la fausse contrebasse. Portal et Sclavis se parlent. En pleine action, Humair lance « Si on vous le dérange, vous nous le dites ». Daniel Humair tape
sur sa tête avec une baguette avant de conclure. Ces musiciens sont décidément facétieux.
Première ballade du concert. Sclavis au soprano. Portal à la clarinette basse. C'est sombre et étrange voire même étrange et sombre. C'est dire. Une belle chanson commence à monter; La musique
s'allège, s'élève. Joli friselis d'Humair parfaitement synchrone avec le son percutant de la clarinette basse. Dans les creux du jeu de Portal viennent se glisser les pleins du jeu de Sclavis.Ca
pulse bien. Sclavis et Portal, côte à côte, jouent avec des claquements de langue qui répondent à la batterie. Ca c'est beau. Humair s'amuse même à casser une baguette et à taper avec. Et ça
repart à bloc. « Sérieux, Jazz » annonce Humair qui part sur un swing classique. Les clarinettes dialoguent à qui mieux mieux. Beau face à face. Ils chantent « C'est fini. C'est bien
fini » et le public leur répond « Non! ». « 3-4. Oui ça c'est fini. » disent -ils. Une dernière claque d'Humair et c'est fini.
RAPPEL
« En hommage à Mme Bettencourt qui n'a pas financé ce concert. Pourquoi n'a t-elle pas financé ce concert? » demande Daniel Humair. Duo de saxs sopranos. Après l'intro, Humair lance une
sorte de marche militaire avec roulements de tambours. Les saxos eux, s'envolent, légers, libres comme l'air. Solo de Portal. De son côté, à l'écart de la scène, Sclavis s'amuse à tapoter le
pavillon de son instrument de la main droite. Maître Humair nous démontre quelques uns de ses tours de batterie. Les saxs reprennent leur mélopée et Humair sa marche. Beau final groupé qui
s'éteint.
En conclusion, comme disent les Francs Comtois, j'ai eu meilleur temps de venir aux Arènes du Jazz, pardi! Cadre enchanteur, accueil sympathique (même le vigile est poli!), programmation variée
et solide, pas de déception voire même de bonnes surprises comme Thomas Savy, une organisation sans faille (même la pluie était
prévue et organisée). Puissent les Dieux nous offrir une édition 2011 des Arènes du jazz à Montmartre aussi passionnante que celle de 2010,