Nous sommes en 1862 et la jeune Susan va avoir dix-huit ans. Orpheline, élevée par des voleurs et des receleurs, elle semble avoir le crime dans le sang. Aussi quand le bandit surnommé « Gentleman » lui propose d’être sa complice dans un de ses méfaits, elle accepte. Elle devient donc la femme de chambre de la jeune Maud Lilly, une héritière dont l’argent est convoité par Gentleman…Mais la jeune Maud est-elle aussi innocente qu’elle le parait ?
Sarah Waters nous propose la vision d’une Angleterre méconnue, celle des escrocs et des voleurs, où les pendaisons et les bagarres sont monnaie courante, celle où les héritières sont des proies convoitées (à défaut d’êtres faciles !). Une Angleterre libertine, également, à notre grande surprise. Mais je ne m’étendrais pas sur le sujet.
Passé un début assez difficile, le lecteur se prend de passion pour l’histoire, sans pourtant s’attacher véritablement à l’héroïne. Sarah Waters a eu cependant la bonne idée d’alterner la narration entre Sue et Maud. L’occasion de mettre en scène plusieurs coups de théâtre assez virtuoses, en variant les voix narratives ! Ni Susan, ni Maud, en effet, ne se comportent comme prévu. Un régal.
On se croirait à la fois chez Charlotte Brontë et Charles Dickens. Un roman dans la pure tradition littéraire britannique, et pourtant, qui parvient à innover. L'auteur parvient,
de surcroît, à mettre en scène avec pudeur et émotion une passion entre deux jeunes filles, un thème qui n'a rien d'évident.
J’ai aimé, en somme. Ce livre se lit très vite, malgré ses sept cents pages et des poussières.