Et si l’évolution majeure des techniques de combat entre fores armées consistait en la prise en compte d’une dimension « réseau« , c’est à peu près la thèse de « L’art de la guerre en réseau« , ouvrage de Jamel Metmati, officier français (transmission).
Pour étayer son discours, Jamel Metmati s’y prend en deux temps. Dans la première partie de ce livre, il décrit les 5 caractéristiques principales de la guerre « centrée réseau »:
- mobilité
- polycentralité (chaque noeud est un centre du système)
- précision
- protection
- globalité
La seconde partie illustre ces cinq techniques majeures en prenant l’exemple de deux des principaux conflits de ces 20 dernières années: l’opération tempête du désert pour libérer le Koweit de l’invasion de l’Iraq, et l’opération force alliée contre les forces serbes.
L’idée force du réseau, c’est que les armées qui s’en sortent sont celles qui établissent une connexité forte entre tout centre de commandement et toute unité sur le terrain. L’absence de rupture permet à l’état major de s’appuyer sur des informations fiables, récentes, et donc de prendre des décisions rapides et efficaces.
Bien entendu, cette connexité passe par la disponibilité de moyens de transmission, et Jamel Metmati met parfaitement en évidence l’importance de la composante spatiale dans les conflits d’aujourd’hui.
Le mode d’opération des forces aériennes, tel que décrit par l’auteur, est également très impressionnant. On se rend compte, à sa lecture, que pour un déroulement parfait des opérations, il faut au moins deux fois plus de sorties d’appareils non dédiés à l’action ou au bombardement des cibles: reconnaissance, contrôle aérien, ravitaillement en vol, contre-mesures électroniques, etc.
Cela donne un éclairage particulier à la vente d’avions de guerre, et à l’échec du Rafale jusqu’à présent: un seul modèle ne suffit désormais plus à faire la différence. La force d’une armée de l’air, c’est sa capacité à mettre en jeu des combinaisons d’appareils dédiés aux différente tâches d’une même mission, appareils fortement interconnectés entre eux, avec les satellites d’observation ou avec le commandement unifié. Et c’est sur ce point là que l’industrie aéronautique militaire américaine marque, depuis de nombreuses années, d’insolentes victoires…