Pourquoi avoir choisi de rédiger une chronique ce livre qui est une sortie en poche d’un ouvrage publié initialement en 2004 ? J’ai longtemps hésité entre les trois romans principaux de DOA pour choisir celui-ci. Ce doit être la facilité qui m’a guidée en ce beau mois de juillet très ensoleillé. Je peux aussi ajouter que c’est le dernier livre publié par DOA. Néanmoins, cette chronique est valable pour les autres livres de DOA car il y a une cohérence de style et de logique narrative dans tous ses livres. DOA est en effet aussi l’auteur de « Citoyens clandestins » paru en 2007 et de « Le serpent aux mille coupures » publié quant à lui en 2009, tous les deux chez Gallimard, Série Noire.
DOA fait parti de ces auteurs qui ont un style incisif, précis, coupant. Les mots sont nets, choisis et nous plonge dans un paradoxe constant. Alors que DOA écrit avec une précision de vocabulaire qui se veut la plus univoque possible, il arrive à nous laisser de la place pour nos errements de lecteur. Cela peut sembler froid à certains, mais je trouve cette écriture très rafraîchissante et bienfaisante car cela demande un petit peu d’effort. Si je peux oser une comparaison musicale, nous sommes sur le terrain de la New Wave de la fin des années 70 et non dans le Rock’n Roll. Alors, faut-il pour autant choisir définitivement entre Ted Nugent ou Throbbing Gristle, à vous de voir… ce d’autant plus que l’énergie est là, présente, lourde, puissante et les errements des protagonistes nous plongent dans des méandres où justement, l’humain, dans toute sa démesure, se déploie, oscillant entre barbarie et grâce. En fait, a y réfléchir, nous sommes en plein chez J. G. Thirlwell et son foetus.steroid maximus.manorexia.venture bros. and more.
DOA a une écriture scientifique, non pas tant dans le fond - même si le propos est très documenté, valide - mais dans la forme qui est sans fioritures, ornements. DOA décortique, analyse, compare, creuse toutes les situations afin d’en extraire ce qui est essentiel à ses yeux et ne garder que ce jus de concentré. DOA laisse peu de place au quotidien, au train-train, aux descriptions d’une vie banale. Tout est concentré sur, autours, dans, l’histoire. Il n’y a pas de place pour les extra-ordinaires, et ce qui n’apporte rien à l’histoire n’est pas écrit. Cela donne une densité aux histoires racontées par DOA qui étouffe, oppresse, et nous tient en haleine tout au long des lignes. Pour autant, le rythme de ce roman est posé, calme, presque tranquille, en contradiction avec l’histoire qui est, entre autres choses, la recherche d’une jeune femme disparue et qui est en danger de mort. Tout le monde est en retard dans cette histoire, et alors qu’il y a urgence, DOA mène son lecteur au rythme posé du temps qui passe, du temps nécessaire pour faire connaissance, au rythme des relations humaines qui s’approfondissent, se relâchent et se resserrent. Les personnages sont normaux, pas de flic alcoolique, dépressif, pas d’histoire d’amour niaise, pas de bons sentiments inutiles. Certes, comme vous le lirez, le méchant est vraiment d’une ordurerie profonde, mais d’une profondeur tout aussi confondante.