L'art de ces populations est, de tous les arts premiers, celui qui a, dès sa découverte, frappé le plus fortement et plus immédiatement l'imagination occidentale. La raison profonde est qu'il partage avec la production artistique de nos contrées un goût pour la symétrie et un penchant pour la figuration du corps et du visage humains. Très vite, Gauguin, Derain, Matisse ou Picasso s'en sont emparés pour nourrir leurs oeuvres et les grands marchands que furent Paul guillaume ou Charles Ratton l'ont exposé avec énergie et constance.
Mais foin de ces considérations historiques, les 170 masques et sculptures présentés à Branly sont tout simplement éblouissants de qualité et de beauté. Venant souvent de collections privées belges et françaises, ils sont d'accès difficile en temps ordinaires. Félicitations au musée du quai Branly d'avoir convaincu leurs heureux collectionneurs de les prêter.
Et un dernier mot pour distinguer la sublime statuette dite "Pahouin dancer", aux proportions parfaites, à la couleur exquise, un chef d'oeuvre autrefois parti en Amérique et qu'un Français a fait revenir sur le vieux continent, à grand prix on s'en doute. On peut rêver qu'un jour elle appartiendra à Branly. Il faudrait d'urgence la classer trésor national, ce serait un bel hommage au métissage culturel comme on dit affreusement de nos jours.