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La chronique d'un homme avisé:Le jeudi après-midi dans la salle de cinéma où est diffusé Predators, le public est essentiellement masculin, et pour la plupart laisse un siège de part et d’autre… C’était d’ailleurs mon cas. Dans la cinquantaine d’oisifs venus voir le film, seules deux ou trois jeunes femmes, accompagnées de leur « moelleux », frissonnaient avec plaisir contre une épaule bienveillante. Le reste de la salle se composait, comme moi, de jeunes hommes profitant de leur temps libre pour se faire un petit plaisir solitaire (même si le film n’est pas vraiment destiné à éveiller des fantasmes libidineux).Dans cette ambiance rappelant les projections de film à frissons entre potes, l’après-midi semblait bien langoureuse, le murmure des quelques couples présents berçant l’oreille des spectateurs occasionnels du jeudi après-midi.Mais soudain, voici les bandes-annonces, puis le film qui s’ouvre sur le visage d’Adrien Brody se réveillant en chute libre au-dessus d’une terre qui va vite se révéler inhospitalière.
La saga Predator, inauguré en 1987 par John Mac Tiernan avec l’inimitable Schwarzenegger, revient ici sous la coupe du réalisateur Nimrod Antal (Blindés, Motel). Cette fois Adrien Brody troque son air de romantique lascif à l’air ensommeillé pour s’accaparer l’arsenal de Schwarzie et apparaître en fin de film en meilleure forme musculaire que dans Le Pianiste. L’industrie hollywoodienne avec son culte du corps parfait l’aurait-elle rattrapé ?Le canevas de cette suite à la saga Predators s’inspire du célèbre de film de Ernest B. Schoedsack La chasse du Comte Zaroff (1932). Une dizaine de terriens, à l’esprit plus ou moins guerrier, et à l’âme pas forcément charitable, est parachuté sur une planète inconnue, terrain de chasse de Predators au caractère belliqueux. Traqués comme des bêtes sauvage, les protagonistes vont se faire zigouiller un par un par leurs prédateurs, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que…Bref, pour un scénario aussi simplissime on pouvait s’attendre à un film pas très intéressant… et c’est bien le cas. Qu’on ne s’y trompe pas, la série Predator n’aura jamais atteint la qualité de la saga Alien. Probablement par faute de réalisateur de renom, mais peut-être aussi par la caractéristique même du monstre (esthétique plutôt raté face à un Alien dessiné par H.R Giger).Quoiqu’il en soit, ce Predators 2010 est un cru plutôt fadasse. Suite de séquences sans grandes surprises, personnages assez intéressant et pas du tout attachant. Un bon point quand même avec le personnage de Laurence Fishburne dont l’évolution scénaristique est quand même peu conventionnelle. Dans son rôle de bad guy, solitaire et va–t-en-guerre, Adrien Brody arrive à nous faire oublier ses rôles plus sentiments. Mais comme dans Predators justement, le réalisateur fait table rase de tout sentiment, on n’a plus grand-chose à quoi se raccrocher pour suivre le film. Le seul enjeu est comme dans tout film de ce genre : quel est le prochain à se faire dézinguer et comment ? Mais là aussi le bât blesse car pour toucher un public plus large les studios ont édulcoré le côté horreur. Donc n’attendez pas à voir du gore.
Pour résumé, Predators, cuvée 2010, est un film sans grande attente. Bien qu’on ne s’y ennuie pas forcément, l’excitation cinématographique demeure bien loin de l’écran. Peut-être dans la salle d’à-côté ?…