C'est l'histoire d'un Village, d'une petite fille silencieuse et d'un meunier... La vieille dame qui apportait chaque jour de la nourriture au meunier venait de mourir. Qui allait la remplacer? s'inquiétait le Village. Le meunier avait l'air si étrange, personne ne voulait le rencontrer... Mais il y en avait une autre qui avait l'air étrange, c'était cette petite fille qui ne disait jamais, jamais rien. On l'appelait 'la petite taiseuse'. Et bien c'était tout trouvé, c'est elle qui remplacerait la vieille !
C'est Gaëlle qui est à l'origine de cette découverte car cela avait été un grand coup de coeur pour elle !
La première lecture m'a vu hésitante et intimidée, j'attendais quoi de ce petit livre qui était loin de me plaire, de prime abord, avec sa couverture sobre, un peu froide et son histoire qui ne voulait pas livrer tous ses secrets non plus ? J'en attendais beaucoup, oui c'est vrai, je voulais être à l'écoute de ce texte incroyable et stupéfiant, et c'est clair que j'ai été ballottée.
C'est en fait un conte philosophique,
l'histoire d'une petite fille silencieuse bouleversée par la solitude d'un meunier,
l'histoire d'un village qui décida de prêter l'oreille...
Il ne suffit pas d'une seule lecture pour se sentir sonnée et secouée, il faut lire et relire le texte, peser les mots, les murmurer et les réciter pour soi. Gaëlle parle de swoush, ce qui résume tout : l'impact émotionnel est fort, très fort. Mais au début, non ce n'était pas gagné. J'étais encore timorée, j'avançais à tâtons, je sentais que ce n'était pas loin, même si la route m'apparaissait encore un peu longue. Néanmoins, la sensibilité de la petite taiseuse a su me conquérir, me toucher. J'ai aimé ce qu'elle dit avec intelligence et douceur au Meunier, tous deux seuls et incompris se livrant enfin, faisant voltiger des conversations si pleines de vérités, sans se douter que le village était enfin à l'écoute, grâce à la complicité du Vent... Cela ne se résume pas, cela ne s'explique pas, c'est un texte qui se livre avec mesure et précaution. D'ailleurs la conclusion n'est pas rien, puisque il est rappelé que c'est :
une histoire où l'on pouvait tout entendre, même ce qui ne se dit pas.
Tout dire, même ce qui ne s'entend pas.
Une histoire où finalement, à bien l'écouter, personne n'aurait le dernier mot.
Voilà un texte qui souligne l'importance de s'ouvrir aux autres, de se confier et d'ouvrir son coeur, d'être sensible au langage des yeux aussi car
un regard a toujours quelque chose à dire, tandis qu'une bouche qui a décidé de se taire ne dira jamais rien.
- Allons donc, rien ne remplace les mots !
- Ecoute : ne dit-on pas des yeux rieurs, des yeux éteints, des yeux moqueurs, des yeux affamés ? Ou un regard sournois, un regard mélancolique, un regard apeuré, un regard amoureux ? On dit même un regard mourant ! Crois-moi, Meunier, si tu veux entendre quelqu'un, regarde-le dans les yeux.
Mais en fait, chaque lecture est différente. La vôtre, la mienne ... et celle qui suivra et ne sera jamais la même que la précédente. Ce n'est pas un livre qui peut facilement se confier à un enfant, ou alors il faut l'accompagner, ne rien expliquer, juste le lire ensemble, à voix haute ou pas, c'est selon ses désirs et ses envies. La suite n'appartiendra qu'à vous !
La Petite Taiseuse - Stéphanie Bonvicini (texte) & Marianne Ratier (illustrations)
Naïve (2010) - 13,50€